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Bruno ODILE
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30 avril 2014

J’ai appris à vivre avec.

thumbnailCADDODD7À la chute des conventions sociales et morales, le regard pur s’efforce de voir la réalité telle que le cœur la devine. Les évidences cachées au fond de nos êtres demeurent les vraies fusées de nos consciences. Et lorsqu’elles atteignent les étoiles, la lumière filante marque toutes les ombres que nous portons en nous-mêmes.  

Cela va vite, trop vite. Le réel se démembre à la vitesse des horloges sans pause. Je commence à comprendre que si mon accident n’est pas une bénédiction, il est néanmoins l’élément fondateur de mon nouveau regard sur les choses et la vie. Hier, insatisfait, assermenté à mon quotidien, je râlais sur mon sort et sur cette vie incomplète qui ne m’offrait pas la satiété espérée. Aujourd’hui, je découvre que ce n’est pas ce qui manque qui oppresse mon quotidien. J’ai appris à vivre avec et finalement, je ne me débrouille pas si mal. Mon regard a changé. Je vois la terre qui m’accueille comme une porte ouverte, elle n’est plus un rêve mourant. Je saute dans le train qui passe sans connaître sa destination et je me laisse emporter comme les feuilles d’automne. 

J’ai longtemps pensé qu’une vie simple était celle de celui qui n’avait pas de désir démesuré. Et, j’ai longtemps vécu dans la dérision des faire-valoir, de l’alcool qui altère les addictions les plus tenaces, des folies qui outrepassent l’ordre des choses banales. Je n’y ai trouvé que de vagues moments d’exaltations éphémères, des apories superficielles et des grâces sans véritables saveurs. Mon handicap physique a été le moteur essentiel à la refondation de moi-même. Il m’a aidé à ne plus être le petit garçon capricieux qui tape des pieds parce qu’il n’arrive pas à obtenir ce qu’il veut. Pour la plupart, mes ombres se sont mélangées à la lumière. Car l’ombre, ce n’est que cela, une réverbération quelconque, une silhouette sur le sol qui encourage ou repousse l’identité. C’est l’espace frontalier à l’absurde, à la mélancolie, à l’illumination. L’ombre qui se frotte à la lumière est jaillissante comme un feu follet, elle déchire l’atmosphère avant de disparaître.  

   

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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