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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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4 juillet 2014

Chaque matin me pardonne.

nue2_assise_tableLa part de larmes qui n’est ni une eau tiède salée, ni une rincée d’amour-propre désavoué, retentit sur les joues du monde. L’instant est là comme une nuée de papillons multicolores. Dans la lumière close s’ouvre à moi une trainée de crevasses dont l’appendice s’évapore. Ma vie boit à la coupe de l’impermanence, je ramollis d’une attente et éructe d’une autre. Je recouds mes rêves avec le fil que j’extirpe de la mélasse et je feins d’être dans le regard que je m’accorde. J’apprends la terre par ses secousses et je me livre à la paix connaissant le prix de mes querelles.  

 

Je suis né d’un progrès, d’une avalanche de mensonges incohérents, d’une évolution prisonnière de l’extorsion d’une grandeur. Je n’attends pas la mort, je la fabrique chaque jour. Je survis dans l’heure qui s’émiette. Il ne suffit pas de sourire pour être gai, il ne suffit pas de vivre pour rabibocher la folie de ma camisole de sens et de devoirs. Je viens de l’impensable et me prépare à y retourner. Je me déboutonne dans le rire comme se déchire la voile d’un radeau de cocagne. Je suis aux pieds de la lumière comme une visée écorchée par l’éblouissement. Chaque défaite est une angoisse enterrée, chaque prison rassemble l’épreuve dans un lieu unique surdimensionné. Axiome éperdu : La joie est le tremplin de la vérité, et la vérité est le miroir de la joie. 

 

Ce matin, je cours après le chant de l’oiseau qui fait se lever le jour. Entre la cohue de mes idées et le volatile perché, je ne sais sur quelle branche s’envole une dérisoire pudeur que l’aube soulève. Je ne sais qui je suis par-delà le saut du jour. Mon sang est un goutte-à-goutte aux prémices de l’aurore, mon cœur de joie s’enivre à la rosée. Chaque matin me pardonne toutes les plaies de la veille, chaque brassée de lumière encore pâle rebondit sur mes pupilles et rien ne ressemble plus au jour qui se lève qu’une prière joyeuse empourprée dans le recommencement naissant. Ce qui nait dans mon regard réinvente la brise caressant les arbres. Des larmes coulent sous la taie de mes yeux, elles emportent vers la mer tous les reflets qui m’inondent.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés © 47

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Commentaires
N
Jolie petite note lumineuse comme un rayon d'espérance sur les 3 dernières lignes de ce texte qui me ravit le coeur et l'âme ... <br /> <br /> C'est beau !<br /> <br /> <br /> <br /> Merci et bonne soirée Bruno.
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