La course au bonheur.
Ce monde n’a pas d’égal, c’est un farceur congénital, un bulbe d’air perdu dans l’infini. Je marotte l’air de rien aux troubles de la matière causale. Je creuse la dent de ma nourrice et je m’épingle au chapeau de ma lampe de chevet. Sous l’édredon de mousse, je berce les constellations de mon espoir. Des bourgeons éclatent et j’oublie l’hiver qui m’a terrassé.
La course au bonheur ne peut être qu’empirique. La définition même du bonheur est, à mes yeux, un imbroglio d’illusions. Je préfère me référer à cette formulation pleine de bon sens : « être en joie ». Et puis, pour tout dire, le sentiment de joie exerce sur ma personne quelque chose d’unifiant où le corps existe sans être minoré par l’esprit. Je bous et je m’anime entre la faux qui cisèle et la harpe qui lubrifie le vacarme. Du bruit de la vie, je ne conserve qu’un son, celui de l’éclat qui me happe.
- Bruno Odile - Tous droits réservés ©