Peu à peu.
La joie n’appelle aucun mérite. Impalpable et inodore, elle vient à moi sans que j’aie la sensation de la convoquer. C’est une vagabonde sur laquelle la volonté à peu de prise. Il m’arrive d’éprouver de la plénitude lorsque je me promène sur la colline de mon enfance. Les pins mélangés aux chênes verts parfument mes narines. Le Mistral balaie les parfums qui s’évaporent et fait plier les arbres comme des vaguelettes de la Méditerranée. La balade agit comme une purge. Elle fait, peu à peu, table rase des soucis quotidiens et me délivre d’une atrophie comportementale.
Pour moi, l’anti-joie se résume à croire que la vie est un combat permanent où l’événement le plus puissant écrase le plus faible, ne laissant aucune chance d’existence à l’émerveillement ou à la ferveur.
- Bruno Odile - Tous droits réservés ©