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Bruno ODILE
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18 août 2014

Le cœur n’a pas d’ambition préméditée

sans_titre4221Le ciel est une grande marmite inextricable où la buée devient racine. L’énergie fusionnelle dératise l’esprit mécréant, addict à la consolation morale. De petits clapotis explosent le mur du son qui se fragmente en mille éclats. J’ai dans la peau le frémissement des ondes sans écho et l’écorchement de l’éclair résistant. Larguez les amarres, il fait jour de l’autre côté du noir crachat des répulsions intimes. Le bonheur est toujours asservi par le diktat des croyances sans lendemain. Il n’a pas de corps et son esprit chancelle sur les flammes de bougies au fond des cathédrales de l’ignorance. La joie ne se sème pas, elle ne s’attend pas ; elle gribouille quelques sourires anodins sur les lèvres des papillons. Elle discrimine la fleur de l’immédiat qui caresse l’étamine du soleil. Je viens de tuer mon ciel et il me faut le repeindre aux couleurs filtrées de l’aube qui naît en moi. 

 

Je lapide et je dilapide, sans cesse. La soif ne s’écrit pas avec le sang de la mort. L’air n’a pas de veto. Je dégrise à l’orée de mes sens comme cette simple pomme qui n’a pas connu la terre du Calvados. Dans mes gouttières, un chat sauvage cherche la lune réfléchissant son croissant immaculé. Coups de pattes et coups de griffes, les tuiles parlent la langue de la terre et la pluie arrose mon regard d’une multitude de gouttes aussi salées que l’océan de mes rêves. La nuit circule dans le souffle court des marges ridées. L’outre-vie préserve ses miracles hors des heures tamisées. Mon corps filtre la pierre rigide et tenace qui alourdit l’heure nouvelle. Le réel qui me traverse n’a pas encore d’emprise sur l’opaque évidence où culbutent mes sens dans des reliefs contradictoires.

 

Je ne sais pas encore ce qu’il faut faire. Mais, j’ai compris qu’il existe une forme invisible où se développe le fil conducteur de la satiété et de la sérénité. Il ne faut ni lutter à perte, ni renoncer à vide, juste accéder à l’effluve salutaire où le grain et la fleur se partagent la communion de l’existence. J’irai partout où la capitale de mes désastres me conduira. J’irai tête haute et corps défait regarder où finit le monde. Je ne peux naître du désir, je suis l’autoportrait de la défaite. Je survis à moi-même sur des stèles claires obscures où les vents vieillissent debout. La densité de la matière boit à toutes les sources de vie. C’est au bord du vide que l’on voit le mieux les dentelles de l’inaccessible maturité des cauchemars. 

 

Sextant à l’autre bout de la terre, l’amour gravite autour des forêts, d’arbre en arbre, de fruit en parfum. Le désir qui occupe mon esprit est de rendre le sentiment orgastique et végétal. Parce que l’image déstructurée est vite un fardeau, elle déglutie l’abusive place qu’elle occupe dans le regard. L’angoisse physique paralyse les pulsions narratives. Mon corps est une fin en soi. Tout naît et s’achève dans l’espace clos de la rétention forcée. L’ossature du Moi laudatif débride doucement la suffocation de l’humeur traumatisée. 

 

Derrière la flamboyance, l’oecuménie du sang flotte entre l’éblouissement et la torture. L’affection mijote dans la salive censurée par l’effroyable désir de la forme pure. L’amour ne se consomme pas. Invisible, il navigue d’un sanglot juteux jusqu’aux intrépides larmes du rire. Tout le territoire physique exhibé à la pâture des regards, s’enroule autour des foulards du cœur sensible. Il n’existe rien d’autre que de larges rues bordées d’arbres voluptueux et des voies sinueuses dont personne ne voit la fin. Rien ne s’accorde totalement par la pensée. Immaîtrisable, le sentiment influe sur la route qui s’avance et il courbe les branches comme une onde anonyme et sans teneur. La perception domine l’interprétation par l’esprit. Le cœur n’a pas d’ambition préméditée, il n’est qu’un outil pour sculpter la pierre, un créateur pour faire naître la beauté. C’est l’unique héritier de la permanence et il sait la vérité solitaire de sa propre vie.

 

La diversité ne cesse de s’exprimer. Ton cœur est le mien ne connaissent pas les mêmes ombres. Ta ressemblance est une forme capricieuse qui se déploie et qui joue sur les miroirs aux alouettes imprudentes. La certitude est une vapeur d’eau infiltrant la chair repue, et non une consigne inébranlable. Différentes odeurs s’empilent sur l’aurore avant de donner naissance à une multitude de parfums uniques. Hors de tout champ de vision, mes pensées cristallisent le présent immobile. Je borde la joie morte sur la cloison des ténèbres. Trop loin ou trop près, l’existence repose sur l’écran fissuré des voyances artificielles. 

 

L’amour est une irruption, une secousse, une lave glissante de toutes parts sur les pentes qui rejoignent nos plaines. Partout où son jet s’est répandu, la terre s’est brûlée et la chair du monde n’est plus la même. Partout où le feu connaît son paroxysme, l’étendue est définitivement taguée par la cicatrice indélébile de la tendresse. La différence qui nous déchire n’est autre qu’une perception individuelle impossible à partager. Aller au-delà, nous fragmente et nous désunit. Ma liberté d’être est déchaînée, mais égarée et sans limite. Je dors dans une nuit filante sur l’oreiller de la vacuité. La lune occupe le désert brisé et la cassure s’immole dans un ciel qui vacille.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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