Le sommeil qui me précède.
A quoi bon se défaire des lois harcelantes de la rigueur, si aucun délestage de rage n’advient à se retirer des profondeurs insoumises ? A être sage plus que vivant, on ruine l’expansion débordante de nos défauts. Ces imperfections ne peuvent qu’altérer les foudres de l’adjectif qui se tord au fond de nous. Là où le regard s’organise, un pont se créé d’une image à l’autre dans l’irrespect d’une vision objective. Suffira-il d’une vibration extérieure pour raviver le lieu où la fraternité prend son souffle ?
Dans l’amorce du regard et dans ma poitrine peuplée d’airs millénaires, les yeux s’épouvantent, le souffle cherche où s’accrocher. La respiration hésitante, je ramasse des grumeaux de songes restés pétris entre la terre et le ciel. Mon âme se prolonge à travers le cri nu, là où se dévoilent les pas qui résistent dans l’encombrement des doutes. Ma vie s’effrite derrière les ornières du temps et je n’ai toujours pas trouvé où réside le sommeil qui me précède. Il y a bien un visage souriant hissé dans la brume mais je ne sais dire à qui il appartient. Mon besoin de consolation demeure impossible à rassasier. Ma liberté est une éventualité à plusieurs visages. Je subis le four de mes désirs et je passe ma vie à me pardonner. Les formes s'animent et les figures s'incarnent. La vie est, la vie ruine l’existence qui la précède.
- Bruno Odile - Tous droits réservés ©