Le temps fait de moi mauvais usage.

Nous nous accommodons de nos échecs tant que nous n’en discréditons pas la cause. C’est parfois avec la désinvolture des aigles et des perdrix qu’il nous plait d’en injurier les effets. L’âpreté du monde traverse mes lèvres jusqu’à la gerçure qui égratigne les miroirs. La fièvre des étoiles cauchemarde et l’édredon bleu qui recouvre mes pensées ne protège plus mes veilles intempestives. 

L’espace et moi connaissons la séparation où se disperse l’identité sur les hautes cimes qui accueillent la neige. Je floconne parmi le désespoir de ma solitude et je floche à l’envolée légère de la réconciliation avec la matière. Je me rapièce avec les murmures intestins de la pierre, le temps fait de moi mauvais usage. La mort menace autant qu’elle méprise mes jouissances. Des chuchotements de gourmandises longent mes failles les plus saillantes. L’idée même de la consolation est trompeuse. Elle nargue ma liberté d’être et nuit à la trêve espérée.

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©