Divertissement.
L’instant renouvelé est souvent la parodie du simulacre et tout se meurt dans le paraître. Dans son isolement rétracté, seule la solitude s’échine à persister malgré les troubles qui occultent ce non savoir de l’être. Il n’y a pas de réalité, tout juste sa caricature exagérée et critiquable. Cette ignorance fondamentale s’abandonne aux rituels carnassiers de l’impromptue lassitude. De toutes les afflictions, l’amertume est sans doute la déception la plus stridente. À l’intérieur de nos chairs, cette explosion de douleur aigre et silencieuse conduit souvent, par une acrimonie indigeste, à de la méchanceté agressive ou à une sorte de désespérance mélancolique. C’est en déflorant le tourment qui en est la cause qu’il nous est possible de ré-harmoniser nos déchirures dans un bain de tonicité.
Il suffirait, sans doute, d’un commencement, d’un dressage du temps au rythme de la patience pour grimper au-dessus de l’énigme qui fait obstacle. Il suffirait d’un désir tonique pour marcher sur les chaudes terres de la joie. Sur l’enclume du forgeron de mes rêves, une seule étincelle devrait pouvoir illuminer la prière aveugle dans le royaume de mon cœur. Mais mon corps de peur survit dans l’effroi des batailles sans fin. Petite nature, je m’enrhume des braises lourdes du non-dit que le silence transporte. À l'état de manque dans la souffrance, de dénégation dans le passe-temps, de mobile dans la consommation, ou d'évidence dans l'angoisse, la joie devient divertissement et déjoue les inscriptions du réel.
- Bruno Odile - Tous droits réservés ©