Être libre, c’est vouloir.

Dans ma chair, la violence de certains jours a scellé le masque de l’aliénation avant de refermer mes fibres intimes avec le fil de l’angoisse. Il y a trop longtemps que je sommeille dans le feuilleté morose de mes nuits de cafard. Je voudrais ramener une poignée de joie aussi loin que possible de son aliénation raisonnable, la libérer de son ensevelissement cartésien, la détacher de son asservissement aux remparts de la culture des hommes. Je voudrais soulager mes rêves tremblants que le désert de rire conserve sous son sable blanc. 

Je vis à crédit, je vivote sur les flots de l’inconséquence. Toutes les joies s’étouffent sous l’écrasement des mirages qui basculent dans le néant. L’illusion et le réel se confondent lorsqu’ils sont confrontés au présent qui nous appelle. 

Le non choix pour ma nature pensante, c’est approuver l’éternité d’être ceci ou cela et ainsi de suite. Toutes les âmes aiment à se perdre dans cet infini. L’étau des doutes consigne et résigne… Être libre, c’est vouloir mourir lorsque le chagrin nous emporte dans ses hautes vagues incompressibles et vouloir vivre intensément dès la seconde suivante. J’appartiens à une mécanique bien rodée. Je respire sans supporter le joug d’un choix autoritaire. J’ai trop longtemps cru que le ciel était une couverture de bleu pour que les oiseaux s’allongent à côté des étoiles. Pour mieux arpenter l’ivresse de soi, il me faut aborder cette transparence inoculée où réside notre petite voix. J’habite le cœur du mirage, l’inconscience salvatrice à tous les désastres. A l’instant même, je roule comme un tonneau dévale une pente abrupte et je fais beaucoup de bruit pour essayer d’échapper à l’illusion qui dénonce le réel.

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©