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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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19 septembre 2014

À la recherche de la perfection.

images1RPD3YGID’emblée, rien n’est homogène. Seul le temps tue le temps. Face à l’agonie des heures tremblantes, la joie n’a aucun préjugé. A chaque parcours, l’impossible me régénère. De l'autre côté de la rive, terre voisine et semblable, j'ai trouvé comment défaire la muselière des moments heureux. Il y a des milliers de rêves fous que l’on n’ose pas aborder, de peur que la réalité ne soit plus le ferment solide sur lequel repose les fondements de la pensée. Il y a tous ces jours à genoux, terrassés par les rappels à l’ordre de la conscience et le refus radical de s’enchevêtrer à la joie papillonnante. 

Toujours conduit par la même exigence intérieure : inlassablement corriger la réalité pour amoindrir et effacer si possible les défauts qu’on lui attribue. N’est-ce pas là un travail  absurde ? Doit-on en permanence trier le désordre de la matière afin de la rendre plus comestible ? Durant son transfert à la voix, le langage transpose le dépôt de miasmes enregistrés sur l’horizon de celui qui parle et ce que je considérais comme une liberté n’est finalement qu’une limite de mon expression.

Je traverse l’été qui s’affole. Toute l’imprudence gigote sous les salves d’avenir comme un animal sauvage dans une cage. Je suis né homme coulant dans l’archipel des eaux courantes. Comme un nœud qui se défait pour lâcher les amarres, je sollicite les ports pour lester l’apparat de mes voiles. Un fruit dans la gorge et la beauté des anges au creux de la main, j’écris l’expérience de la matière brute dans la chair de mon existence. Sous la langue, des brandons de mots, brasés dans la salive, attendent que la blessure libère ma conscience de toutes hésitations.

Il y a un rythme de la parole qui confère à l’invisible une présence et un parfum. Par la cadence du cœur, les mots deviennent une musique et transforment l’immédiat. L’émotion à la lecture d’une strophe poétique peut devenir un véritable lieu d’ouverture et de lumière. Alors, je m’adosse à mon ombre et m’oublie dans un coin sombre. Et puis, la nuit revit d’un songe plus ample et elle accueille le feu d’or dans lequel je dors. Tout se transforme sans cesse et cherche à triompher du vide indicible. Mon âme est un poinçon d’éternité, elle ressuscite du silence absolu et bascule d’une certitude perfectible vers d’autres baptêmes  encore plus hasardeux. 

A portée de la voix, une multitude de privations répétées agonisent dans un silence assourdissant. Saturée d’incohérences inarrangeables, insoumises et meurtrières, l’attente prolifère hors de ses limites naturelles. Il ne peut y avoir de paix intérieure sans que cela n’implique la pleine conscience de la responsabilité de soi. J’ai sans doute trop conservé les traces expressives de mes faiblesses pour prétendre tout de go que l’on a la vie que l’on se fait. Néanmoins, il m’aura fallu goûter à la pénurie de joies pour mieux saisir quels étaient mes essentiels. 

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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