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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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19 octobre 2014

L’amour de soi est de toutes les batailles.

DanaeJ’aime entendre dans le rire l’écho de l’heure venue dire qu’il est trop tard. La désaffection de toute idée, de tout principe et de tout lieu, présuppose l’étendue évidée que je peux remplir. 

J’aime partager ce fou rire qui nous tance avant de nous relier à l’enthousiasme exultant. Un instant nous serons deux, nous serons mille et il pleuvra une joie légère, une fine pellicule d’amour recouvrira nos pupilles ouvertes et nous chanterons d’une seule voix la communauté des hommes. 

Nos mains respireront le silence complice avant de fondre au soleil brûlant de nos cœurs réunis. J’aime l’instant insouciant qui refait le monde sans en parler. J’aime la vie venue dans mes veines et dans mon sang, son murmure glissant de la fontaine mystérieuse. 

Je veux rompre avec l’image du miroir. Le prétendu, c’est l’armoirie des conventions. Le soi-disant est une rumeur qui prévaut dans le fourrage des ombres. Comment penser que le monde est de toute beauté alors que grince sur mes yeux l’horrible spectacle de la guerre, de la famine et de l’indifférence ? Comment lui trouver la grandeur supposée être son attribution première ? Les dents creuses qui transpirent sur mon front peuvent-elles cueillir le jour ? 

J’entends au loin, l’abeille qui butine le soleil, la ruche où les ébats ordonnés ressemblent à une danse primale et puis le miel agglutiné sur les parois où rien n’existait avant ce tumulte assourdissant. Cette mare de vie me rappelle l’enfance du jour, cet instant lumineux où le blanc copule avec les couleurs pour n’en conserver qu’une. Voici l’arc-en-ciel de la pureté, le fil invisible des charrues de l’aube et puis nos vies qui n’ont rien demandé. 

Dans un fou rire, l’éclat du monde est à la portée de chacun. Dans l’exclamation du son, vibre toute la charité qu’il nous incombe de cueillir pour semer la flamme qui consume tout. 

Flotte notre présence sur terre, marmonnent nos ombres contre la lumière, un pis crache du blanc dans les prés. La jouvence de l’herbe printanière pleure contre le sol asséché. Il y a de l’amour dans notre cœur, du vin et de la joie. Prisonniers de nos convictions, nous traversons les champs sans voir l’épi de blé qui chante au soleil.   

Il n’existe pas de chasse au bonheur sans l’affront de violents préconçus attachés à la nature humaine. La félicité sociale s’accapare les clichés de la réussite et les places privilégiées semblent être la panacée de la condition humaine. Que nenni ! Ni Saint Tropez, ni un joli bateau dans son port ne sont les éléments suffisant à la joie. L’amour de soi est de toutes les batailles, mais la révélation de l’être, qui nous contient corps et âme, demeure souveraine. Du mépris que l’on s’autorise à la vue des autres, à la vie des autres, on ne peut que souligner le désarroi inhibiteur de nos propres fondements. Réapprendre à percevoir ce que nous sommes vraiment en ce monde, c’est se libérer de la morale accablante qui forge les esprits concupiscents.   

Un excès de vide fait grimper en moi des roses trémières et des visages de Madone. La vacuité intégrale transporte des parfums gorgés d’attentes impétueuses. Dans l’espace du rien, une silhouette enjouée dispache l’inspiration de la beauté pure. Hologrammes percés de néant, crispations du chaos, un chant nuptial erre dans le vide soutenu par la parole excrémentielle. Oui, la parole peut puer ! Elle peut n’être qu’un amas de glue et de salives polluées par la haine et l’ironie de la violence qui ne cesse de traverser nos êtres poreux.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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