Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Bruno ODILE
Archives
Publicité
Bruno ODILE
Visiteurs
Depuis la création 46 189
Derniers commentaires
25 octobre 2014

Quelque part, le souffle dans sa quintessence première.

g_39221Dénégation ou refoulement ?Immédiatement, toute une légende de cavernes obscures, de tombeaux ciselés et de labyrinthes effrayants se réveillent d’une nuit sans sommeil. Le rêve oppressé par la réalité expurge les grains d’une harmonie sur le qui-vive. L’inconsistance et le non-sens de l’acte salutaire s’anéantissent dans les profondeurs d’une mémoire abyssale. Je suis sous le choc d’un refoulement, mon corps dérange mon esprit, et réciproquement. L’odeur d’un gouffre tout proche estocade mes narines. Un instant, ma vie se refuse à la respiration. N’aurais-je fait que déplacer les larcins de la tragédie du monde dans l’inconscient ? 

Même la pierre sait la mort qui la menace. Granite balayé par les vagues d’infortune, l’homme retourne à la mer et sa poussière se dilue au sommet du remous. Dans chaque écume, un peu de blanc retourne au sel. Une vie affectée de certitudes flotte avec les marées. Flux et reflux vendangent l’empreinte de la raison. L’esprit contaminé par l’œuvre humaine largue, saccade après saccade, les violences immaîtrisables. La vie pioche dans l’immensité la matière refoulée, la jactance de l’abîme et le triolet d’Elsa tressé par l’amour vagabond.

Je reviens d’une foule d’engourdissements et de vieilles velléités calottent mon esprit. Les morsures de l’instant n’arrivent toujours pas à me conquérir entièrement. Je nais dans un amas d’argile, puis dans un ruisseau, puis à nouveau dans un galet. Je tourne et je vire dans l’inachevé de mes courses. Mes racines sont des pigeons voyageurs. Je suis présent dans l’averse pénétrante d’une nuit arrosée par une autre nuit. Je rêve d’un rêve plus stupéfiant, plus haut et plus effondré que le simple noir qui terrasse la lumière.

L’existence qui refuse l’union avec l’immortelle conception du monde nous trahit. L’amour nous congédie, lesté de limons rocheux grossis par l’émotion révoltée. Mise en morceaux par l’absurdité, la joie est un précipice à têtes multiples, serial killeuse aux visages de pantomime, fée recréatrice à la coiffe ventée, taureau aux cornes fourchues, tête-à-tête avec le tutoiement des crasses volatiles. L'envoûtement promet aux hommes un avenir consistant, capitonné et rutilant tout à la fois. Mais, dans l’ornière, le vide s’accomplit à la vitesse des trombes de lumière et l’obscurité succombe à la vitalité sans clivage, ni déni.

 « Celui qui combat des monstres doit prendre garde à ne pas devenir monstre lui-même. Et si tu regardeslongtemps un abîme, l’abîme regarde aussi en toi. » - F. Nietzsche, Par-delà Bien et Mal, Aphorisme 146

Ouille ! La quête du bien et du mal s’obstine à accommoder le sens à donner à mes actes. Je jouis de moi-même dans l’excès comme dans le calme. Je marche d’un raisonnement à un autre. Quelque part, le cri irraisonné d’un mot. Quelque part, le souffle dans sa quintessence première. J’ai laissé derrière moi les fêtes sans lendemain grandiloquent, mais elles reviennent sous ma langue et sous mes yeux comme une sève obstinée. Elles chantent malgré la lente corruption des sources et la chair du monde qui se défait. A tort ou à raison, et par hasard, la joie et la volupté pactisent avec l’agonie des tristesses anciennes. 

Comme à chaque fois, je renais dans la besace de l’intention. Depuis la première heure, la vie m’apprend à faire du mieux qu’il m’est possible. Je suis naturellement préparé à la jouissance sans être initié à la vivre. J’imagine volontiers tous les stratagèmes pour obtenir ma part de plaisir, mais je me trouve bien dépourvu lorsqu’une joie extraordinaire m’inonde. De même, je ne connais rien de plus désespérant que lorsque j’éprouve cette impression troublante que tout s’arrête et que ma vie est sur pause. Lorsque je ne ressens plus la sensation de la faim, de la soif, et que tout ce qui s’offre à moi me paraît inaccessible, je m’insupporte.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

Publicité
Publicité
Commentaires
A
Comme à chaque fois tu renais dans la besace de l'intention et cela donne des textes beaux et émouvants. Sais tu que quand je ne suis pas bien je ne peux venir te lire car cela déclenche en moi des échos et des émotions difficiles à endiguer. Amitiés.
Publicité