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Bruno ODILE
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31 octobre 2014

Rien ne peut me déloger de la justice vivante.

imagesJ11N0LGOJ’enterre le temps, j’enterre l’homme que je suis dans l’aire chronologique. Mon désir est mort, il renaît dans les jacinthes et les marbres tremblés du mouvement perpétuel. J’ai soif de sucre et d’étoiles. J’avance dans mes yeux lavés, j’avance dans le corps de mon esprit. L’univers est là, il me regarde. Lumière dans l’obscurité, la vie inespérée se tient en avant, clandestine à elle-même. Elle fait corps avec la voix des hommes, elle perce les mirages et, dans ses ravages, la voilà qui massacre l’étrange oppresseur qui me maintient en joue. La lutte est intestine ; la communion aussi. Une foule de préjugés dévalent la montagne Kantienne, la morale de l’impossible dégrade la compassion qui s’effile. La joie ne supporte pas l’austérité. 

Les discours séculaires se distendent au toucher de la présence immédiate de la bonté. Mes failles résonnent dans leurs cachots. Je n’ai pas appris à m’engager dans cet autre moi-même qui me dévisage. Je ne suis l’élu de personne. Désarticulée, ma vie est à la verticale. Mes faiblesses bouillonnent dans la fulgurance de l’inattendu. L’essentiel est encore trop caché pour que je puisse diviser mon cœur afin de mieux le sonder. 

« Sans arrière-pensée, sans regret, sans nostalgie, cueillir les événements, même minimes, avec un émerveillement non épuisable. Va, chemine, mets un pas devant l’autre, avance du doute vers la foi et ne te préoccupe pas des impossibilités. Allume un feu, même avec les épines qui te déchirent. » - Vivre l'inespéré, p. 90, (journal 1972-1974), frère Roger.

Dans cette époque cruelle, dénuée de sens, rire contre larmes, l'ego contre l'âme, je suis ce que tu me montres. Je crois aux cassures et aux sursauts, je plonge dans la vie qui passe. Je suis au bord de mon cœur préoccupé par le funambule qui traverse le désespoir qui ne m’a pas quitté. 

Langue de bois, cuillère de fer, des verbes-escargots sillonnent l’assiette de la lune. Je suis éphémère comme un sanglot de rire. Je sors de la voix, de son ressort vivant. Je dérobe et j’enrobe le passe-partout qui fait apparaître et disparaître. J’apprends à boire et à transpirer en même temps. Je cherche le miroir dans lequel la beauté a réussi. Sous les crêtes de l’aurore, j’attache la lumière qui ruisselle de l’ombre extatique. Ma terre est invincible, elle porte le terreau des hommes au fond des yeux de l’humanité. 

Un soleil déborde de mes veines et un sang noir scélérat coule sur l’horizon cafardeux. Toute la terreur inapprivoisée jaillit de la démence des hommes. Je suis pétrifié, la moisson des larmes inonde les rives douces des maisons en fumée. Engluée au paradis des enfers, la mort brise les réconciliations avec la paix. Qui domine sur les terres d’innocence ? La tristesse serait-elle l’exploit du monde ?  

Cette exigence avec laquelle j’avance par impureté, je la dois à la faillite de mon âme. Je sais les folies noires qui hantent l’esprit lorsqu’il avorte de sa nature morte. Dans les failles de la résistance, j’inaugure les taches d’ombre sorties du brouillard. De larges scories boueuses crachent d’abusives sentences, dispersées aux quatre coins d’un champ de matières inachevées.

Rien ne peut me déloger de la justice vivante. Bons ou mauvais, l’acte et la pensée me décortiquent de l’abondance des choses à vivre. Ce qui est juste chemine sans interruption à l’intérieur de ma chair. Malgré la perversion éducative, la morale et l’exception qui font la règle, mon instinct me guide sans autre choix que celui de la vérité d’être. Après le grand décrassage et le lessivage des tentations permanentes, je m’oriente inéluctablement vers les principes simples d’une vie simple. Dans son étuve iconoclaste, l’excès brandit le surplus de mes désirs. Je surabonde d’effets hurlants et d’appels intransigeants. C’est la cuve pleine et le moulin remplit de farine bleue que je pars en quête de nouvelles nourritures.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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