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Bruno ODILE
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18 novembre 2014

Je ne demande rien. J’attends tout.

images8QKP3AIQEntre deux marées, l’esprit créatif dessine des arabesques sur le sable. Une joie s’efface et une autre prend place. Mille fois sur mon chemin, je me suis retourné. Les peines anciennes se sont amenuisées et occupent désormais les reliques d’un vacarme épuré. J’engrange mêmement les étaux et les fournaises. Rien n’est plus tolérable que le chant clair d’une grive sur la terrasse des souvenirs. 

Je m’invente à chaque reprise de vie. Chaque commencement vide l’auge de la découverte et prépare l’album du souvenir. Dans les carnets de mon sang, les mots tus ne tarissent pas l’aube qui s’étire. Je retentis. 

Gardez vos souffles, vos dévolutions et vos appartenances. En tournant ma langue sept fois sur le pourtour de ma lampe de chevet, j’ai rêvé d’une voix commune à tous les hommes, d’une chorale infinie où la musique n’est plus une complainte mais une simple mélodie rouée de sons indéfinissables. 

Tous les visages se ressemblent et la guirlande de moues clignote seulement les jours de brumes. D’un sourire, d’autres naissent sur les reflets de la pluie. Poussés par un invincible besoin de marcher, les voyageurs aux pieds plongés dans la poussière s’enfoncent dans les dédales de mon sang.  

L’ininterrompu est la seule permanence que je connaisse. Je souffle sur la surface de l’eau. Ce matin, les mots ne sont plus des armures. Ils sifflent l’éclat des tourterelles cachées dans les feuilles de micocoulier. Je me révèle, je suis au-dessus des strapontins de la raison, assis sur de vieux dogmes éculés. Je respire la gamme matelassée des claviers de lumière. Mes yeux ne sont pas droits, le monde non plus. Je marche sur ma langue et les tristes épisodes de mon existence sonnent le creux de la pierre philosophale. 

Le rire renforce la liberté. Dans les jours sans jour, en proie aux clameurs invisibles, je m’efface comme l’austère craie sur l’ardoise des heures de poisse. Loin des cultes en tout genre, un mausolée d’existence force les blessures restées dans le marbre. Le hasard se perd dans ses propres prérogatives. Par principe, il vaut mieux chercher que de ne pas savoir. Mais je fredonne des rimes qui n’existent pas et je vis en plein midi là où s’ébroue l’heure canicule et où la joie partagée est un rituel d’apéritif.   

J’invente un matin de pourpre où des chants grégoriens nagent parmi la longue histoire des vents qui brisent les miroirs. Il n’y a ni dieu, ni maître. Tout est soufflé à la présence des eaux qui résonnent. Aller à l’essentiel, c’est peut-être se priver du pire, de soi et des brillances incrustées à la panoplie des exigences. Je me laisse porter. 

Toutes les musiques ôtées de leur contexte chantent faux. Je consens à pleurer, à crier, à rager, à tenir le silence au-dessus du trouble du silence. J’ai trop mangé à la faux et au scalpel. Je ne demande rien. J’attends tout. Je suis privé lorsque l’opulence m’entoure. Je suis libéré lorsqu’elle n’est qu’un vœu malin qui m’autorise la sortie de route, le chemin de traverse, la joie légère de gambader au milieu de la pinède.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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