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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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3 décembre 2014

Le bonheur de partager !

imagesLEFKURU6Le bonheur ne trouve aucun fondement dans mon esprit. Vertus et raisonnements nourrissent à foison la réflexion désensibilisée. Etre heureux pourrait n’être qu’un apostolat à partir duquel je fonderai le désir de ne pas avoir mal et de ne jamais souffrir. Mais, je me contente d’être, et j’éprouve une multitude d’émotions fleurissantes, de celles qui me ravissent à celles qui me tordent les boyaux. 

Quand la passion s’efface et que l’émerveillement persiste, le présent fracture la mémoire et l’existence innove l’aube-ritournelle. Un autre air gonfle les voiles et remplit la respiration. Ma vie mûrit sur des branches voisines. Dans la plaie de l’heure intestine, se retaille le chemin de la source. En l’absence de corps, mon âme incendie le puits où toutes choses s’amorcent. 

Je refuse de choisir entre ce qui me semble être maîtrisable et ce qui m’échappe. Ce n’est que libéré de toute conscience qu’il me semble possible de connaître l’émerveillement. La vie, malgré son âpreté, demeure le seul bien fondé. Je peux avoir été victime d’un grave accident de la route, me retrouver handicapé physique pour le restant de mon existence et, malgré tout, éprouver un sentiment de joie irrépressible à la vue d’un simple coquelicot. 

Je ne cherche plus à tendre vers un quelconque absolu. Je goûte à la joie d’être et non à celle de devenir. Pour penser plus juste, il me faudrait pouvoir estimer ce qui existe réellement entre la projection qui m’irrigue et l’ensorcellement du réel qui me préoccupe. Mais je suis bien trop maladroit dans cet exercice. Je n’ai pas l’ascèse facile. Je me dérobe à l’insipide teneur de la pensée. Mon âme s’encanaille facilement des contrefaçons de la paix purulente qui foisonne dans l’esprit cadenassé par l’exigence humaine. Il ne peut exister de voie divine ou absolue pour être heureux. C’est dans la fusion de mon être que j’accoste à la vérité intérieure et c’est en la touchant du doigt que l’accord avec soi-même devient la priorité du monde transparent. 

A chaque pas, je bâtis le bonheur par l’aveu de mes sens. Mon regard compose l’acte fondateur de mes perceptions. Je peins et j’imprime ma vision du monde à l’intérieur de mon être. En marchant, je compose ce tableau personnel avec les images que je m’approprie. Je baisse les yeux, seulement, lorsque l’objet regardé déroute mes sensations. Rien ne résiste à l’onde de choc du présent. Paradoxalement, mon subconscient, cette élite de l’arnaque, me préserve des hausses de tensions excessives selon qu’elles me blessent ou qu’elles m’enchantent. Il y a là, sans doute, une formulation quelque peu fataliste. Mais, il est des moments de vie où le choix de ne plus voir permet à l’esprit de ne pas sombrer dans le pugilat virulent de l’acuité. 

Désormais, le monde ne m’apparait plus comme une épreuve insurmontable, mais comme un chemin semé d’embûches et de vibrations tantôt plaisantes et grisantes, tantôt insupportables et meurtrières. Rien n’est jamais acquis. Le mouvement nous emporte toujours au-delà de ce que l’on prétend être. J’oscille d’une souffrance à un mieux-vivre. 

Un instant de bonheur s’est glissé dans ce livre. Le bonheur de partager ! Le bonheur du plaisir que l’on prend à exercer une attitude, un comportement qui n’a rien de démesuré et qui néanmoins me satisfait pleinement.  

 

Socrate : Considère si tu ne pourrais pas assimiler chacune des deux vies, la tempérante et l’incontinente, au cas de deux hommes, dont chacun posséderait de nombreux tonneaux, l’un des tonneaux en bon état et remplis, celui-ci de vin, celui-là de miel, un troisième de lait et beaucoup d’autres remplis d’autres liqueurs, toutes rares et coûteuses et acquises au prix de mille peines et de difficultés ; mais une fois ses tonneaux remplis, notre homme n’y verserait plus rien, ne s’en inquiéterait plus et serait tranquille à cet égard. L’autre aurait, comme le premier, des liqueurs qu’il pourrait se procurer, quoique avec peine, mais n’ayant que des tonneaux percés et fêlés, il serait forcé de les remplir jour et nuit sans relâche, sous peine des plus grands ennuis. Si tu admets que les deux vies sont pareilles au cas de ces deux hommes, est-ce que tu soutiendras que la vie de l’homme déréglé est plus heureuse que celle de l’homme réglé ? Mon allégorie t’amène-t-elle à reconnaître que la vie réglée vaut mieux que la vie déréglée, ou n’es-tu pas convaincu ?

Calliclès : Je ne le suis pas, Socrate. L’homme aux tonneaux pleins n’a plus aucun plaisir, et c’est cela que j’appelais tout à l’heure vivre à la façon d’une pierre, puisque, quand il les a remplis, il n’a plus ni plaisir ni peine ; mais ce qui fait l’agrément de la vie, c’est d’y verser le plus qu’on peut.              - Platon, Gorgias, 493b – 494b

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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Commentaires
L
Merci de ton passage, Sedna.
S
Il n'y a pas de bonheur mais des petits bonheurs qui font une rivière dans laquelle nos cœurs viennent s'abreuver quand ils le peuvent ou..le veulent.
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