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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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13 janvier 2015

L’autre…

60472L’autre, je l’ai peut-être entendu sous tes pas. Il creuse les angles d’un miroir sans image, il boit l’eau du puits que nos pères avaient avalé au crépuscule de leur fatigue. Nos visages et nos gosiers sont les rançons de nos aventures sinueuses. Le front et les yeux construisent ensemble la pause qui sommeille. L’attente nous édifie, elle éclaire les tessons du temps et nous prépare à forcer la porte qui nous cache l’un à l’autre. Ah ! La terre est trop ronde pour ne pas accoucher des limailles qui l’ont érodée. Dans le mouvement circulaire, notre sang brûle et nos lèvres s’atrophient comme des stèles solidement ancrées dans le sol. Dans mes cellules, l’héritage des chemins se croisent et la balance du temps penche vers des raies des labours répétés. Sans équivoque, l’heure nous ensemence du brûlis que le vent répand à la surface des neiges pures.

L’autre est le seul passeport contre la solitude où s’écume la vaillance. Je porte en moi les siècles de frasques belliqueuses qui ont cabossé le temps maintenant éclaté comme un vulgaire morceau de caillou. Notre rencontre grandit dans le vitrail multicolore du silence. Le repli d’aisance libertaire surfe sur l’improvisation et nous vieillissons face-à-face avec l’hypothèse du rapprochement. Comme l’immobilité qui dort dans la marée des songes, bientôt toute entière sous les paupières du rapprochement, tu m’avales et tu m’inondes. Nomade est le partage qui me traverse. Voici que je m’endigue sous le sable naissant de la voix. Mais peut-être tout est parole dans l’air ?

Ta terre est mon exil. Je viens vers toi d’un pas lent, je marche dans ton ombre et je te suis sans vraiment te sentir. Avec toi, c’est l’étranger solitaire, le bohémien des grands chemins qui se réveille sur le coin d’un asile éperdu. Ta ressemblance est un nouveau défi. Rien n’est à la place que je lui espérais. Tes yeux s’agrippent à ton sang comme une pieuvre affamée. Tes mains sont des sentiers où l’herbe pousse à rebrousse-poil et tes mots roulent dans une meute de merles au-dessus des arbres tremblants. Je te sais là et je me cherche dans tes souffles. Nous sommes le patchwork d’une étoffe de sens entremêlés. Nos parfums et nos émotions recousent nos différences sur une trame unique. L’univers est notre père commun. Mosaïque cul-de-jatte d’une atmosphère cagneuse, mon prochain devient mon autre partout où je me devine manchot dans mes rues intimes.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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