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Bruno ODILE
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26 janvier 2015

L’heure écoulée ne retiendra pas l’absence

l_adorable_petit_nu_5024_1300x1800L’heure écoulée ne retiendra pas l’absence qui nous a longtemps poursuivis. Dans tes jeunes veines, la force endigue toute déficience et tes batailles pour te développer nourrissent l’espoir d’un renouveau permanent. Tu conserves en toi le lit de la rivière et les herbes qui poussent sur les berges. Paume ouverte comme des corolles matinales, mémoire de la ruche et du miel, ton regard poursuit le chemin des terres sauvages. Tu as l’âge de tes émotions et tes désirs ont l’appétit des fleurs qui se dénouent pour fêter le printemps.

L’enfance n’est pas déroutée par l’absence de sens à donner à l’existence. Elle est elle-même le projet et la promesse de courage pour devenir tout le possible des rêves. Graine obscure plongée dans le temps qui refuse de s’accroitre, le cerceau du jeu encadre la toute-puissance de l’élixir qui coule dans ses veines giratoires. Roseau pensant plié sous l’être, hors du temps, l’enfance tendre décline la raison avec laquelle le monde s’enfonce.

Dans l’auge noire et sans frontière, toutes les nuits fécondent la mémoire. Ce qui est parti, ce qui n’est plus là, éventre le chaland qui débarque sur la peau renouvelée. Impavides relents de vie, la plaie mortelle de l’air baigne dans le lait des heures inassouvies. L’absence y est toute relative, elle bricole des désirs de vengeance innommable et laisse déblatérer les résurgences insécables de nos origines. L’intuition me ramène à la source vive et prolonge du même élan l’alchimie intérieure reliée à l’énergie. Des hirondelles couvrent les fils électriques et le départ vers d’autres contrées s’annonce avec des battements d’ailes déterminés. Dans mon sang, le doux bourdonnement de ta voix réveille les rêves craquants d’une éternité inondant ma poitrine.

J’ai les poches trouées. J’ai oublié tout ce que je voulais te dire. J’ai des absences, des trous gonflés par l’inquiétude. Tout ce que je peux te confier, c’est l’amour que tu as fait naître. L’expérience que j’ai acquise avant ta venue n’a que peu de ressort, elle est si personnelle qu’elle ne te serait qu’un piètre recours. Et la seule parade qui me vienne à l’esprit repose sur cette petite phrase : « Marchons ensemble et apprivoise-moi ! ». Ma vie brûle et je ne sais comment te protéger de ses flammes gangrènes. 

T’aimer ne suffira pas, je le sais. Comment pourrais-je prévenir tous tes désirs, moi qui n’obtiens des miens que des fragments laconiques ? Dans mes recommencements, les pratiques deviennent théories ou lassitudes, ou encore des rituels inlassablement répétitifs. L’inconnu n’est plus un sujet d’ouverture mais un trémolo posté devant la porte de l’avenir, un frémissement sensuel qui décharne mes certitudes. Une musique décapante porte nos paroles au-delà et nous jouons avec les intonations rythmant une continuité qui nous rassemble. Il y a dans nos souffles quelque chose de sourd que nous essayons de déchiffrer lettre après lettre. Parfois, le sol se retire et je marche dans le vide. Je marche d’une hirondelle à l’autre, absent de moi-même, léger comme une migration invisible.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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