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Bruno ODILE
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4 avril 2015

Mon coeur est moi-même en dehors de moi-même.

images26EWL40XIl convient désormais de se dépouiller entièrement et de lâcher les branches du ciel. Nous devons laisser choir tout ce qui se résume de la pensée et de son acquiescement. Il faut à présent s’incliner à la clarté qui existe sans nous et voler aux sens la franchise de leurs gestes. Derrière nous, une faux tranche la lumière plongeante et dans nos poitrines résonne la foule de bêtes noires qui parlaient de nos bouches amères. Dormeuse aux rides lacérées, le voile d’un soleil couchant reflète ton visage sur la calme étendue d’une mer orangée qui me plante un doigt dans le cœur. L’attente qui m’anime est un chant pur enveloppé dans le vent lorsqu’il prend la mesure de toutes les distances. J’apprends à faire confiance au vide. Nous avons sauvé de la matière originelle le baiser d’une beauté plus grande que nos seules existences. Nous avons arraché le suc de la confidence intime à la coiffe des heures qui ont vu naître notre amour. Et rien ne saura jamais plus être aussi élevé que cette distorsion de temps et d’espace.

Parce que douter, c’est créer. Parce que douter, c’est mourir quelque part et renaître plus loin. L’écriture n’est qu’une relation des sens lorsqu’ils sont mis en exergue de la raison. Il faut ne plus savoir ce qui du mot rejoint la réalité. Le vécu, le vivant, sont toujours ailleurs. Toutes ces pages écrites sont de fausses voies. Des chemins d’escapades, des malaises irréversibles, des hoquets violents du monde perçu. Nos vies sont les litières de nos malaises et de tous les tremblements qui précèdent la mort. Nos existences sont plongées dans la bouillie poétique d’un vécu traduit par la conscience d’être. Le doute m’attise comme une vamp. Je lui dois d’être vivant parmi les morts qui m’entourent. Ce que j’écris me dérange autant que mon corps et davantage que la désinvolture de l’air. Toute la lumière devient inutile à l’appui d’une lampe. Le noir intérieur recouvre toute la providence. Nous sommes des machines à fabriquer notre destruction. Je broie l’air qui m’est donné, je respire comme une moissonneuse-batteuse. Mes yeux conçoivent le jour pour t’arracher à la réalité. Et, la vie insiste. Elle ne claque jamais la porte avant la déraison. Je marcherai jusqu’à la fin du jour, et je ne saurai jamais combien ce qui se détache de moi m’allège. Je doute plus de moi-même que du temps que je m’accorde. Alors, je ris. Parce que le rire est plus puissant que tous les chagrins du monde. Un matin, tu verras, nous désincarnerons la prière du jour. Nous atteindrons la souple vérité qui se loge dans la pierre. Nous entendrons chanter la rivière où nous avons roulé sans connaître le tanin de la douleur. Et ce matin là, je doute que nous soyons encore dans les yeux cruels de la nostalgie.

Nous atteindrons ce lieu mystérieux où fulminent des lambeaux de clarté sur des zones inaccessibles. Un peu avant la nuit, nous aurons touché l’heure sur sa pointe et l’énigme du noir rebondira sur le miroir devenu une pendule. Ma sœur, c’est mon cœur qui broute à l’herbe du ciel. Mon existence parade comme une fête foraine. Mes sens étourdis dégueulent une lumière lointaine, une cascade de fraîcheur au milieu du désert. Je coule de la source comme une fontaine sur la place de nos enfances partagées. 

Des aiguilles entrelacées tournent autour d’un soleil métallique sur notre sang coagulé. Héritiers de sauces brûlantes, notre jardin s’enflamme d’un simple soupir. La mort muselle la colline où nous avons marché heureux. Un foulard noir étouffe notre garrigue et je tire la langue comme une fouine prise dans un collet.    

Il est temps de s’adosser au passé comme à une montagne. Ici, avec toi, je voudrais convenir que nos fébrilités naturelles soient nos trésors.Ici,la douleur ne peut plus convenir d’une simple pluie pour gonfler tous les ruisselets qui dévalent de la colline. Nous sommes un printemps, nous sommes deux fruits issus du même bourgeon. Nos âmes sont une saignée coulant dans la pierre, nos vies poursuivent nos failles devenues les ruisseaux désaltérant la colline.

Nous conserverons dans nos poches le firmament de cette communauté acquise et nous persisterons à scruter le ciel pour le deviner. C’est probablement ainsi que nous offrirons à la croisée de notre regard le plus beau de tous les rêves. Mais, faudra-t-il encore rêver dans la violence des souvenirs pour dénoncer l’épreuve de notre existence ? Tu sais, ce n’est que libéré de toutes les violences dogmatiques qu’il m’est possible d’accéder au miel des substances partagées. Fait de poussières rassemblées et intarissables, mon cœur aime sans répondre. Il rejoint, sans passer par le chemin de la conscience. Il communie avec le vent qui me transperce. Il est moi-même en dehors de moi-même. 

Je te désire de tout mon être. Je te veux comme une conquête, comme une perte précieuse devenue une douce fumée sur mon cœur. Je t’aligne sur ma peau. Je suis un crayon à ta feuille, je suis une brindille de bleu dans un ciel nourri par l’univers tout entier. Tu me vois bien incapable d’allier la grâce à la séparation. C’est la raison de ma mobilité persistante. Je navigue dans le dérèglement des horloges et dans la savane hostile de la compassion.   C’est pour cela que j’intègre le mouvement sans cassure. C’est pour cela qu’il me faut aller par delà ma pensée. Ah ! Si Savoir était clairvoyance, hésiter serait croire. Tu vois, je savais qu’il me fallait venir, mais je ne sais toujours pas pourquoi. Peut-être, ai-je reconnu ta voix dans cette échographie du cœur où l’émotion lointaine était jaillissante.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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