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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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25 avril 2015

Résonnances. (3)

images6IYFH08LToute une vie à margotter dans la parallèle des chemins inachevés. Enfant, je levai le doigt pour demander la parole. Adulte, je vociférai ma révolte et mon abjection de l’injustice à qui voulait entendre. Aujourd’hui, je poursuis la route qui s’ouvre devant moi sans plus chercher à détisser ses maillons brûlants. A présent, j’entreprends un parcours désintéressé, je ne cherche plus dans l’autre l’écho de moi-même comme une compensation à mes propres carences. L’amour de vivre, associé à une délicate mais provisoire paix intérieure, me transporte jusqu’à l’oubli de ma personne. Le parcourt, quelquefois unilatéral de mes sentiments profonds, m’oblige souvent à abandonner lâchement ma raison d’être. Mais, j’y bécote avec tendresse l’excellence de l’inconfort qui me soulève. Il y a de la plénitude dans la mutualité des opposés. Toute l’obscurité me contraint à la vigilance, aux déchiffrements et à l’étonnement. Le présent n’est qu’un jeu, qu’un feu follet au cœur du tumulte du monde. La vie comme la mort a une odeur et, je la sens. Je ne la comprends que rarement, mais je la sens. Je la sais née d’une déchirure sur le toboggan vertigineux de la sphère gazeuse. Vulnérable autant qu’imparfaite, je la sais ivre de copeaux volatiles.

Entre visible et invisible, une frange sans distance délibère. Ce que je sens et ressens n’a aucune exigence. L’air qui me parcourt fouille jusqu’aux reflets du miroir. Mon corps n’a de cesse d’écrire le monde ; ses apories diffamantes contestent les sources vives. Mes doigts trempent dans la rivière du contresens. Le ciel s’agrandit du regard des autres, chaque étoile nouvelle a son lit sur le bord d’un œil comparateur. Dans chaque perte du jeu de la vision des traces indélébiles inscrivent sur l’égouttoir du vide les ombres des marches humaines.    

Muet comme une tombe, je creuse la terre où se cache la nuit. Des cavaliers en nuisettes dorées chevauchent les greniers incommensurables de la mort. La troupe allume des cierges tout autour des douleurs humaines. Un brouillard de fumée laisse croire que la parole est une image plus sûre. Il faudrait céder à l’audace pour ne pas rompre avec la cacophonie de la neige où s’est dissimulée l’espérance. Presque chaque nuit, la lune crache son venin dans les ruisseaux du ciel et, à chaque aurore la patience s’écume dans le fourbi de la lumière. Un rêve en forme de colombe déploie ses larges ailes entre les montagnes embuées de givre et les premiers rayons de soleil.   

Ah ! ce monde est trop incomplet pour l’organe universel. Il brûle et se consume comme une orange sous un ciel d’été. Mes peines au bout des lèvres, je m’enfonce en terre. En moi le vertige est un animal difficile à dompter. Je suis abattu dans cette marche forcée entre précipices et champs d’orties. Mes pieds buttent toujours sur un recoin de pierre volcanique, je marche comme une abeille titille le pollen d’une fleur, le dard coincé dans la feuille de vie.  

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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