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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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27 avril 2015

A chacun son destin !

images7NU0RMI8Dans la traversée des ombres et des illuminations, je ne suis que la traduction d’un silence âpre et tendre. La vie reste la vérité vraie, quand bien même il n'y aurait plus aucun humain pour la dire. Le bonheur, malgré le lot de fatalités et de difficultés que le quotidien brasse inlassablement, demeure cousu bien serré au réel. Il se tisse encore, les fragments endoloris de l’aventure à vivre, dans le souvenir présent. A l’opacité du vent, j’explore ces grains de lumière mouillés, déposés par l’aube sur la peau pudibonde de la terre, sur la peau frileuse de mes semblables qui sondent, fouillent, se recueillent et interrogent sans fin, comme s’il s’agissait de surpasser l’incompréhension végétative. 

Langues légères des troubadours, appuyées sur le vent, vous pénétrez doucement la maison désolée des devinettes existentielles. Lentement, parmi les flammes tremblantes, vos sanglots secs recomposent la musique des tissus profonds. Un hymne joyeux enfoui sous les remparts de coton s’enroule à la présence blessée de l’haleine saignante. Une ferveur toute singulière retenue dans la cruche d’eau, dans l’île du dedans, s’évapore des rêves restés ouverts. La promesse du beau s’épure de la culture des hommes lacérés et dépersonnifiés par l’oppression de la valeur morale. Le redressement de mon ossature est en porte à faux et mes pensées ploient sur le cric des géométries variables. 

Au bout de la patience, trainent quelques vieilles guenilles sur le pied qui ne veut pas avancer. Tous les chemins paraissent longs et font presser le pas. Trop vite délivrée, la marche nous engage sur des lignes droites où notre libre-arbitre se dérobe à l’infini de la route. Combien faut-il offrir à l’heure pour qu’elle se déploie harmonieusement sous nos chaussures ?  Mais qu’importe le chemin si nous faisons corps avec lui. Qu’importe le temps qui s’écoule sans compter si nous avançons au rythme de notre cœur. Les rideaux et les parapluies qui trainent dans le fond du couloir, je les reconnais. Ils sont les paravents de la logique de mes sens. Voilà redéployée la toile bâchée qui cache le soleil et celle qui me protège des sanglantes sueurs du monde. 

Et puis, tout cet espace vain devenu brouillard. Cette brume épaisse qui tarde à se lever, cette fumée implacable que les yeux ne savent transpercer. Devant moi, l’immobilité devient vite un sans issue. Je dois brouter aux étincelles restées derrière si je veux continuer à m’enraciner dans le matin qui vient. J’attends encore que la nuit se lève parce que j’accorde à l’aube des ratios de promesses et des ballots de rêves prêts à se répandre sur les vapeurs de mon être. J’avance sans mémoire vers une fosse soigneusement scellée, vers une tombe de sommeils dallés et verrouillés de l’intérieur. Je refuse de m’appuyer sur la tragi-comédie humaine dans laquelle des années durant j’ai lu le sans espoir sur le front terrifié et parfois meurtri de la présence des visages de l’ouragan. 

Dans la stupeur d’étranges détresses suprêmes, ne voulant plus subir mon engloutissement, je porte l’agonie puérile comme une trompette en bandoulière. Si j’étais la vague rutilante qui s’échoue sur la plage, je viendrais les bras ouverts caresser le grain de sel qui se défait de la brûlure du soleil. Si j’étais le sel, je mordrais aux reflets de l’eau dans laquelle reflète mon visage. Si j’étais la dune qui sépare le blanc de la plaine verte, je tresserais le bleu du ciel tout autour de mon hublot de fortune. Je tiens l’humeur du chaos pour principe même de l’éclosion des grâces. Sous nos empathies inégales, j’entends souffrir les graines étouffées. Et, sur le fumier encore tiède, je vois grandir des âmes insoumises, des magnums de gentillesse et des fleurs innommables cachées à l’intérieur de tunnels non moins invisibles.  

En marge des ventres pleins et des spectres de l’abondance luxueuse, je m’échappe des terres peuplées d’orgies sculpturales. L’ivresse du besoin enflamme la part simple de mon être et j’ai besoin d’y voir clair dans ce capharnaüm bruité par la profusion. Ma chair, dans sa position minimale, se surprend des richesses du monde et des pauvretés rendues au plus grand nombre. L’impossibilité pour certains de manger à satiété déséquilibre ma pensée orgueilleuse. Privilégié, j’abhorre la raison du parvenu : à chacun son destin ! Mais, je ne consens pas à l’iniquité endémique. Un parfum de -Tous ensemble- ne cesse de tourbillonner dans mes tripes. Sans doute, suis-je un utopiste des premières heures, mais rien ne peut altérer cette démangeaison que représente le lien avec mes congénères.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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