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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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5 mai 2015

Le bonheur existe, je l’ai rencontré !

imagesEQ83XBIPL’illusion a la lourde tâche d’inventer le réel et je détonne à son apparition. Le silence parle la langue ancienne et méconnue des pâturages préhistoriques. Je convoite l’amitié du monde, mais personne ne le sait. Dans le domaine participatif du « moi-je », j’ai la lourde responsabilité des autres, contraint de fait à cette maxime du « un pour tous et tous pour un » avec laquelle je coopère parfois malgré mon autonomie disgracieuse. Je vis du lien que je tisse. Je suis une bogue qui tombe sur l’herbe au milieu de la mêlée de vert.

A l’escale du chemin de vie, où puis-je trouver un souffle qui ne soit plus un refuge pour l’exaltation ? A quelle attitude dois-je confier mon voyage d’espérance ? Près de moi, le vide que je ne connais pas inaugure la route déserte de mes bourreaux. Je flanche sous le lest des besognes tristes, le malheur est une plaie sans limite. Chaque joie défonce les rideaux grumeleux de la nuit. Monde obscur, je meurs de vivre si proche du jour. 

Des cerceaux d’air s’échappent des cavernes. Je me découvre fourmillant d’étincelles au milieu de l’immensité implacable. La joie ne se cultive pas, elle surgit à l’improviste comme une lumière béate. J’aime la savoir dépossédée comme je le suis. Nos ruines jointées, les mots peuvent mieux graviter sur la corde de fumée transparente où la mort a eu lieu. Nos chagrins sont désavoués par l’amour replié dans nos chairs. Le passé remonte de ses caves insalubres et nos vies ripostent à l’urgence. 

Le bonheur n’est nulle part. Il est aussi vide que l’ennui. Ne peuvent le voir passer que les consciences pleinement établies dans l’instant. C’est un peu comme faire l’amour, de nombreux préludes sont utiles à l’apogée des sens et la jouissance profonde ne dure qu’un instant furtif mais la déchirure est profonde. 

Le bonheur n’est nulle part, il navigue dans les brumes opaques sans jamais dévoiler l’ile qu’il cache. D’un bonheur, j’ai fait un silence, une croche où la paraplégie du vent danse comme l’indifférence dans la cohue de mes turbulences. Des silhouettes, couchées dans la mort de l’âme fratricide, se relèvent comme le parfum d’une enfance blessée, restée là, malgré les laves bouillonnantes. Consternante beauté du vide, l’apparat des fourrures fraîches cache mal la vacuité de l’amour du beau.

A fleur de vie, l’horreur et le merveilleux rôdent autour de moi. Sur le seuil du jour vivant, mon cœur ballote. Je me suis échappé de mon visage ; maintenant, je plane sur l’écho de mon enfance. Je construis une cabane dans les gorges fracturées d’un silence d’été. Je baille d’une sieste coagulée aux soupirs du silence. Je suis dans l’arène du monde, un filet à la main. L’exil est sous ma pioche et je gratte le sol loin dans le temps, mais le mystère n’est pas là et mes rêves le poursuivent jusqu’aux sueurs froides de l’obscurité. 

Je ne suis pas convaincu que l’on puisse s’exclamer : le bonheur existe, je l’ai rencontré ! L’enchantement n’est-il pas le fruit des rencontres que nous faisons tout au long de notre existence ? La joie isolée est un ferment irraisonné pour l’épanouissement personnel. Mais, elle décuple forcément lorsqu’elle est partagée. Dans un groupe, un mouvement de cascade prend naissance à l’éclosion d’un fou rire. La joie a cette faculté : elle nous convoque dans l’immédiateté de nos faits et gestes, elle ne s’organise pas, elle advient spontanément. Mariages, baptêmes, anniversaires sont autant de manifestations propices à libérer nos sourires. Un cadre sympathique, de la musique et quelques verres de vin blanc concourent à nous délasser, à nous préparer à l’effervescence collective du partage joyeux. Un lâcher-prise de nos consciences est inéluctable, si nous désirons accoster le plaisir d’être, l’émulsion joyeuse et créatrice.

J’aime le rapiècement de l’ombre et de la lumière. L’écartèlement m’exaspère, l’étirement en tous sens est une effraction de mon unité. Les mouvements de replis et les enroulements résiduels condamnent la part insoumise de mon être à traverser les surfaces mortes. L’onde pénétrante ravive quelques goulées de reconnaissance altière. Cet autre qui me fait face n’est plus l’étranger volatile et insaisissable. Il parachève le reflet du miroir qui m’était caché. Rien n’est jamais vraiment perceptible de notre écho de perfection et, cependant, dans nos yeux, brille l’éclat de celui que l’on regarde et que l’on aime et qui nous aime. J’aime les coutures qui raccommodent sans bruit les peaux désunies et les esprits écarquillés par les différences qui se rassemblent au-delà de toute objectivité. Le monastère du bonheur semble être construit tout proche de l’immanence.    

Dépourvu de sens, on naît sans savoir pourquoi nous sommes sur cette terre. Dessoudé du néant, j’arrive de l’angoisse du vide, d’un chemin sans fin vers un but inconnu. Je suis un reliquat, un frémissement de la matière, un frisson d’existence. Une gaîté naturelle m’accompagne depuis le premier jour. Elle exerce sur mon être une force souveraine et impulsive qui participe à révéler ma nature première. Chaque fois qu’elle se manifeste, elle escorte ma prise de conscience sur la réalité de ce que je suis.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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Commentaires
S
Je crois que Jules Renard a écrit : il n'y a pas d'amitié, il y a des moments d'amitié.. ( je partage cette affirmation ! ). Pour le bonheur, ce doit être la même chose. Des instants éphémères qui meublent nos souvenirs..
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