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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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21 mai 2015

Le beau me relie à la joie.

28087156918883Je tombe dans mes crevasses, les mottes sont plus puissantes que l’air ; elles me collent et m’alourdissent. 

Je ne sais pas me raccrocher aux éclats de vie qui jalonnent ma déchéance. Dans la chute, mon corps se cogne et rebondit contre toutes les aspérités du tunnel. 

C’est un lâcher-prise intense que celui de se laisser tomber sans connaître la mesure de l’écroulement. 

Mais, je sais d’avance que le fond est illimité et que la seule mesure que je puisse lui accorder est celle de mon désappointement. 

Je ne possède pas de volonté suffisamment pugnace pour défaire d’un seul coup de reins les liens qui me paralysent. 

Mes tourmentes affectives, morales et physiques me condamnent. Je ne me sens pas à la hauteur de mon espérance et cela me déprime. 

Je suis bien trop poreux à ce monde pour ne pas me sentir envahi par la folie d’être né sans armures, sans plumes d’ange et sans une solide raison. 

On s’habitue trop vite à la satisfaction et dans sa constante elle devient tiède puis s’évapore avant même que de pouvoir en rechercher une autre, plus légère et plus intense.

Faut-il se contenter de peu comme le soulignent bon nombre de philosophes grecs ? Lucrèce et Epicure, par exemple, nous invitent à museler une grande partie de nos désirs. A ne donner de l’éclat qu’à la nécessité première. La vraie fortune n’est-elle pas de se tenir loin des grandes pensées à la mode Zen ? La richesse de mes sens s’extrapole par les tuyaux de la parole. Beaucoup d’amour et trop sang règnent sur la liberté. Mon cœur est plein de danger et de charité inabordable. 

Nos amis et nos proches nous offrent bien plus de conseils et d’opinions enrichissantes que tous les marchands d’illusions. Ce petit monde vibrant dans notre proximité et notre environnement quotidien n’est-il pas plus sensible et plus à l’écoute de ce que nous sommes ? Les véritables amis sont toujours ceux dont le dialogue ouvert entretient notre lucidité sur les choses apparentes. Sans empiéter sur nos propres pensées, ils nous offrent de réfléchir par nous-mêmes.

L’été qui arrive, baptisé joyeusement printemps, ravive en moi l’envie de bourgeonner et de fleurir. Les arbres à peine verdis et la nature hiératique en mouvements désengourdissent mon corps et mon esprit. J’avais discrètement assommé l’idée même du bonheur et tout se réveille tout à coup comme si le jour à venir était une nouvelle vie. L’hiver et le froid ont dilué l’horizon jusqu’à lui conférer une forme de platitude désolante. Recroquevillé sous l’emprise du gel et des bourrasques, mon corps s’était drapé d’une mélancolie ordinaire. Sans doute, un stand by approprié mais duquel je ne ressentais plus les ébullitions joyeuses. Bizarrement, c’est dans cet état plus ou moins larvaire que mon esprit projette le plus la réalité qui l’afflige. 

La beauté n’est qu’une pincée de joie dans l’antre béat d’une aube fraîchement revenue. L’âme patiente fend les muselières de la temporalité et flotte avec l’air porté qui gicle des coques scindées. Le beau me relie à la joie qui fortifie mon être et lui fournit la possibilité de retrouver la confiance en soi nécessaire pour accéder à l’humilité florissante. La source nourricière ne sait rien du tumulte où s’infuse la folie. Les mots ne sont pas souvent les décompresseurs que l’on pourrait espérer. La table des résonances humaines n’est pas toujours occupée par le don de soi et l’altruisme. Je suis à la recherche de l’intrus qui déambule dans mes pensées sans que je le connaisse. De cet autre moi qui me fait naître et renaître inlassablement aux échos d’une identité qui m’échappe.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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Commentaires
S
Ton texte me fait penser à Jorge Luis Borges qui a dit : chaque homme est deux et le vrai, c'est l'autre...
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