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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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29 juin 2015

Dans mes cellules, l’espace tout entier est le dormeur de l’infiniment grand.

imagesJMMT9HXIUn matin gris de reliquats interminables, à l’heure nue qui monte des cimetières d’écumes, j’ai vu une beauté sauvageonne remonter des transparences inexplicables et s’ériger à hauteur de la lumière. J’ai aussitôt tourné de l’œil, aveuglé par mille miroirs reflétant le soleil des cœurs humains. J’ai glissé un doigt sur la vitre d’étincelles, j’ai volé de l’espoir dans les petites fêlures des grains de sable. J’ai raccommodé mes rêves d’enfants à tous ceux qui s’échappent par les rognures coincés sous ma peau. Et je suis resté recroquevillé dans les filets d’un sommeil figé sur la bouche de l’errance.  

 

Bien que le transport de la douleur s’accomplisse sous les ailes d’un papillon, la frasque indomptée est toujours puissante. La larme endormie renaît si vite que le silence s’aggrave comme une plaie mal soignée. Dans le galimatias conceptuel, je n’ai rien trouvé d’aussi beau qu’un plaisir partagé. L’harmonie existe, je l’ai rencontrée dans l’élan créateur et les liens que ce dernier suscite. Le réel transfiguré, la sublimation déplace mes conflits intérieurs et anticipe une jouissance prude que la sensibilité bienveillante transforme en vertu. Mon corps est tendu au-dessus du vide et le rien dont je parlais précédemment se métamorphose en un tout vaporeux. Dans mes cellules, l’espace tout entier est le dormeur de l’infiniment grand.   

 

Du regard, j’amende tous les dieux pour leur pénitence. Ils ont conservé pour eux seuls la panoplie complète des procédés qui rincent la tristesse ironique de l’esprit vivant. Mes yeux déraillent et je me camoufle dans le sourire que l’on veut bien me consentir. Dans mes pensées, le brouillard est si dense que l’invisible déballe des cartons de pétards en fumée. 

 

Un barbu en combinaison blanche me tend la main. Je la refuse. Les fantômes pourrissent ma vie. Ils m’irréalisent tant ils croient que le réel leur appartient. Demain, il faudra que je me lève et ma seule prière tiendra dans le jour qui m’accueillera. J’irai dans le costume sobre qui me conduira jusqu’au portes de mon bureau, et d’un soupir je m’évanouirai à l’intérieur des cauchemars envahissant l’espace qui m’appartient.

 

Je scrute dans le dénuement de l’ordinaire le règne superlatif de l’existence. Dans ce lieu où nulle semence n’est parfaite, la beauté ambitieuse fracasse néanmoins la glace qui recouvre les jours. La vie se dilate dans la grande flaque de mon jardin. Je ne sais pas encore ce que l’inertie cogite. Dans la quantité des siècles, je suis un prétexte au mouvement, une épingle enfouie dans le sable du marbre. Je traîne dans le ventre d’un soleil mort depuis longtemps. Tous les morts que j’ai connus ruminent sagement dans l’alcôve des ténèbres traversées. J’ai quitté le noir pour le gris qui s’émancipe à la lueur du chandelier de la tentation.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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