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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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13 août 2015

Résonnances (32/33)

Roberto_Ferri_Gea__Olio_su_telaIl pleut des cordes au pays du langage ordinaire. Des rus fiévreux se forment et remplissent les ruisseaux, inondant les voies praticables de la parole. Des coulées de boues font barrage aux mots que la langue pourrait façonner. 

 

Impuissante, ma voix se replie à l’ombre de ma gorge, à l’ombre de moi-même. L’heure nue apaise la fièvre du souffle. 

 

                     Consonances aux milles reliefs, terre brumeuse à l’orée du jour, des mots masqués fustigent la volée de phrases qui se dérobe à la clarté.  

 

     Sur l’intérieur, un bruissement de feuille, rien de plus. Affamés de partage mon sang murmure un peu de lumière au cœur de l’obscurité. 

 

A l’écart du verbiage commun, mes sens se réfèrent aux pas du chasseur dans la forêt. Ma langue s’arrache de la bouche orchestrée par une sémantique lexicale trop aléatoire.  

 

              Ma voix tremble et les branches des arbres en fleurs claquent comme du verre.   

 

      L’existence s’use au rythme cadencé des rouages d’un pendule exalté. Devant et derrière moi, subsiste toujours un infini plausible entre ce que je vois, ce que je vis et ce que je tais.  

 

Aucun raisonnement n’a assez de teneur pour éteindre la détresse enfournée dans les premières heures de vie.  

 

               Tous les départs ressemblent à des fuites, toutes les pensées actives rivalisent avec le mensonge démonstratif d’une réalité solide. Hors de la volonté tous les rêves s’affûtent à l’éternité.  

 

Il y a quelque chose d’indigne dans cette brassée de souffles humains.

 

 

*****

 

    

Aujourd’hui, j’habite un rêve aux multiples accents. L’effervescence du recommencement et l’insatisfaction d’être au monde redorent l’intimité de mon être.

 

Pour peu que la lumière se voile, je baille des serpentins luminescents dans le décolleté du miroir.  

 

Tout proche des racines ancestrales, la raison trompe plus sûrement que la caresse du soleil. La parole partagée connaît de moi plus que je n’en dis.  

 

Mon cerveau renverse l’orthographe savamment enregistré. Des onomatopées découragent l’expression usuelle pendant que court le souffle charnu de l’inconscient.  

 

La charnière du langage a rompu. Je ne dis plus : je chante. Mélodies infestées au palais de la signification, je parle la langue des torches à pétrole au cœur de la nuit souveraine.   

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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