Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Bruno ODILE
Archives
Publicité
Bruno ODILE
Visiteurs
Depuis la création 46 189
Derniers commentaires
9 septembre 2015

RésonNances (48/49)

femmes_nuesMais quoi ! Ne parle-t-on jamais mieux de ce qui se refuse à nous tandis qu'on y aspire ? Tu sais, ma solitude n'est pas un isolement pur. Elle est le chemin sinueux qui me reconduit vers le silence du premier jour. 

 

         Parce que les mots n’ont rien à dire qui ne soit concret.  

 

  Impuissants de leur sort,

  incapables d’ajuster leurs prétentions à la justesse des     

   intonations harmonieuses et prolifiques.  

 

Il faut faire taire leur cheminement de larbins dans le désordre affectif qui nous ensevelit. Un souffle suffit pour initier la fissure du néant. 

 

              Parce que les mots n’ont pas su dire l’intégrale douceur qui s’émoustillait en moi comme un sentiment inextirpable.  

 

              Parce qu’ils sont la boussole d’un autre monde, ils racontent toujours un peu la fragilité d’impudiques sources. 

 

Ils s’écoulent comme un ruisseau fêlé qu’aucun alphabet ne pourrait contenir distinctement.  

 

     Le langage dort dans l’hermétique cloison de ma chair comme à l’intérieur de grands sacs vides.  

 

Mon sang est une litière dégarnie et insatiable où la parole se charge de substances pures, transcendantales, dépassant le singulier du verbe par une surenchère impossible à définir.

 

 

*****

 

 

     Pourtant, quelque part dans l’inachevé, existe le bruit du silex et l’attente du feu. Quelque part, le parfait n'est plus qu'une mesure invalide, une objection à l’omniprésence du réel.  

 

                          La douleur de la raison piégée dans mon corps me contraint à siroter un peu d’alcool et de lumière bleue à la gratuité de l’existence.   

 

Mon acuité s’étiole, ma conscience s’amenuise et se réduit à ce qui accapare mon attention. Voyageur de l’émotion, le message jaillit comme le jet d’une fontaine dont on ignore la source.  

 

Mon esprit suggère, mon instinct tranche.  

 

             La vie inspire le verbe, le conjugue, l’associe, s’en détache, puis elle rebondit en voltes faces sur un espace dilaté. La voilà qui s’étire comme un trait fluctuant, comme un hoquet aliéné dans l’intermittence des jeux de l’esprit.  

 

                                  Le mot est-il vraiment le reflet d’une argumentation vraisemblable ?  

 

Je voudrais te dire la couleur jaune et pourtant, jamais tu ne sauras avec exactitude de quel jaune il s’agit. L’imprécision est de rigueur. Elle est commune à l’intime affirmation qui n’évoque que l’incomplet dans une esquive décapante. 

 

Jours de paroles et nuits ventées, je voyage dans une volute sonore penchée sur la falaise de mon ego où je tente de m’extirper de moi-même sur l’aile légère de l’imagination.  

 

              En fait, je communique pour m'effacer, pour gommer l’arbitraire des couches matérielles. Encore et encore.  

 

Parce qu’en racontant le spleen de ma chair, je fais ce voyage immobile qui me conduit à mille lieux de moi-même.

 

… Parce que je force les mots à libérer l’espace profond qui plombe l’instant présent. 

 

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

Publicité
Publicité
Commentaires
A
Une amicale pensée de Tarbes où j'espère retrouver l'inspiration ...
S
Que serions nous sans les mots ? Une deuxième maison pour moi..
Publicité