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Bruno ODILE
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1 novembre 2015

Le présent de la mort (Ou la mort au présent). (8)

imagesPPDQ95R6Nous voilà amarrés aux ports fantômes où les baisers tendres sont devenus la buée de nos épanchements. Nos bouches reflètent l’horizon des océans perdus. Dans les aspérités concassées, nos heures sont des vapeurs qui volent l’infinitif des verbes et les déshabillent de toute conjugaison. L’écriture délie la langue morte qui fouille nos veines muettes où les sentis de peau coulent à flot. La vie se dénoyaute dans le mot. Elle déconsigne le verbe de la pudeur gluante des ombres où se défroissent les conflits d’intérêts de la vie et de la mort. Il est vital que nos ventres se frottent à nos rêves si nous souhaitons surprendre le réel immédiat. Je ne sais rien de ce qu’écrire signifie vraiment. Mais, ici, l’écriture est une larme accouplée à la joie, réconciliée en une seule flamme. Le futur nous est donné pour ouvrir d’autres figures et il nous faut parier sur l’espoir qu’il prodigue.

Il me faut t’écrire pour ne pas laisser au temps le choix de ma dérive. Les mots que je t’envoie sont ces petits crépitements de souffles auprès desquels je m’assigne à résidence avec l’assurance que nous habitions la même dans une conciliation bienfaitrice et sans brouilles.

A trop aimer la vie, on la perd quelquefois dans le creux des yeux qui l’embrassent. Le sentiment amplifie le réel jusqu’à le presser comme une orange mûre. Aujourd’hui, mon âme retrousse sa lumière, tire son grand voile blanc avec lenteur, avec ce geste large et souple d’un crépuscule usé par la contrainte à soulever la nuit de son ingrate somnolence. Le jour se retire à voix basse, enroulant son épreuve dans l’ombre de ses frasques.

Il n’y a pas de meilleure orgie que celle de l’évocation. J’appréhende, tu appréhendes, nous appréhendons l‘agonie des gestes et des émotions. Il reste pourtant les siècles de diamant à féconder comme un papillon butineur d’étoiles. Demeure, aussi, la bonne foi au service des jours simples. A la régulière, nous pâmerons le quotidien et la banalité d’ivresses étourdissantes. Et puis, nous dirons l’impensable et nous reformulerons l’impossible. Tu seras là, à toucher de voix, et je tricherai le temps. J’avalerai la parole qui coulera des brèches de la conscience. Nos bouches ont toujours plus à dire que les mots. Je te raconterai l'enthousiasme des jours d’attente qui ne savent pas remodeler la patience et tu me diras combien l’heure creuse la fente séparatrice. Je sais combien tu préfères aimer à l’abrupt des falaises, mais je ne dispose que d’une plaine étendue sur l’immobile instant de la grâce. Tes yeux sont deux rondes sur la colline et je dois grimper jusqu’à la source du miel coulant de la lune. J’arrive ! Est-ce encore loin le monastère du plaisir ?

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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