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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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30 octobre 2015

Le présent de la mort (Ou la mort au présent). (7)

imagesP02UL5ICToutes ces miettes allongées dans mes entrailles brillent encore avec douceur. Les éclats d’obus et de grenaille s’ajoutent à ton souffle dans mes poumons.

Aujourd’hui, tu vois, le temps est une infirmière qui a perdu ses instruments. Et la piqûre porte l’aiguille comme une fine pointe filtrant mon chagrin. 

Désormais, il nous est impossible de traverser impunément les chemins qu’hier nous avions parcourus le corps léger et l’esprit curieux. A présent, le sol est trop dur pour que nous puissions creuser à la recherche de l’or et de la beauté. Il nous faut d’abord étouffer le sanglot ressuscité. Il nous faut préalablement effacer les cris et les regrets, les coups de fouets et les désappointements.

Ce n’est pas tant ce qui disparaît qui me laisse dépourvu, mais bien davantage ce que la vie emporte dans le noir de l’infini. La blessure rémanente des jours morts n’est ni une épreuve, ni une victime. L’écriture n’est pas non plus un sabre tranchant la fatalité. Elle n’est que l’ombre où se désagrège la clarté perdue. Elle est l’expression de notre impuissance à désarçonner puis à avaler l’ignominie d’où nous venons. C’est l’abus et l’excès de nos déchirures demeurant des plaies vives.

De toute évidence, il n’est pas de fin qui termine ce chemin. Chaque aboutissement est un saut de puce dans l’immensité. Peut-être même, vivre est un moyen. Une simple passerelle entre l’infini lointain et l’immédiat souffrant la carence du scintillement des étoiles. Il s’agit sans doute d’une guerre sans soldats ou de combattants débarrassés d’animosités. Seule la cruauté barbare ravale sa salive lorsque nous aimons.  

La lâcheté lacustre des matins sans audace et l’abdication souffreteuse des révoltes nostalgiques, tout s’effondre inéluctablement dans l’écuelle de cendre froide où j’entends frémir ton cœur. Les naufrages anciens ont séché et il ne reste rien des plaintes récurrentes. La peur s’est éloignée emportant sous son bras les bâtons du vertige.  

Le jour nouveau jeûne déjà au bord de la lumière. Tu n’as rien raté qui ne soit une autre vie, une autre demeure, un autre pacte d’existence. Tu as emporté avec toi le déni effronté de nos similitudes intimes.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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