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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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2 décembre 2015

La vie déploie ses ramages dans le silence léger...

femmecoteIl faisait noir, il faisait pluie, il détonait l’assemblage de grondements. Partout où se trouve la vie, il y a un rêve en latence, il y a des traits abandonnés dans la ronce, il y a un écoulement dans la rigole de l’insoutenable. Nos corps et nos âmes sont nos refuges. Nos mains et nos lèvres sont des roseaux et nos cœurs occupent la scierie où l’on affûte la déchéance des jours jusqu’à la braise qui rallume le bois.

Par instant, ta silhouette s’absente, un squelette invisible l’emporte d’un geste. Te voici de l’autre côté des ombres, de l’autre côté du temps. Nos infortunes s’emboîtent, s’égrènent puis s’ajustent aux prisons où jadis nous préparions nos évasions lorsque la fatalité nous réduisait à l’état de simple spectateur.

Il ne m’est pas possible de penser la vie sans la prévaloir de la mort d’où l’on vient. Comme une cartouche d’encre vidée, l’existence se démarque du feu qui l’a conçue. Ma vie crépite comme une étoile déjà morte où le blanc vient exploser pour finir sa course.

Que devient le monde où les yeux se roulent dans la poussière tourbillonnante de la révolte ? Que devient la réalité, là où aucune émotion n’a plus l’exubérance du frisson ?

J’ai pénétré la pièce froide du ressentiment. Les murs moisis souffrent la suée du remord. Remord, ce mot jaillissant des ténèbres comme pour poignarder l’incurie qu’il y a à revisiter la mort par d’autres chemins.

Ma mémoire dégrafe l’innocence calfeutrée dans le sentiment. Ta vie s’est fermée. Je ne conserve que les lettres usées que tu aurais pu m’écrire. Si près de nous, l’air est un bûcher où se meurt la parole. Cependant, tu es couchée dans mes yeux comme une hirondelle sommeille dans le bout de mon souffle.    

Ce n’est pas d’aller vers toi qui me rapproche. Il ne s’agit pas de cueillir ton visage à chaque aube nouvelle comme un breuvage réconciliant la soif à la sécheresse des gorges. Les souvenirs sont toujours trop lourds à porter. Le miracle d’un chant d’oiseau, au petit matin et dans le silence de la campagne, réconforte mon être. Je sais qu’il parle aux branches, à l’air et aux hommes. Il s’exprime de cette voix altière et musicale qui lui échappe comme quelque chose de plus puissant et de plus irrésistible que lui-même. Souvent, dans la naissance du jour, sa musique s’enchevêtre à d’autres musiques solitaires, à d’autres bruits vivants qui s’ajoutent, se complètent et se ramifient. Le jour naît dans la fraîcheur légère des bruits innocents et dans la main que le soleil tend aux ombres. La vie déploie ses ramages dans le silence léger qui accueille la lumière.

 

- Bruno Odile -Tous droits réservés ©

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Commentaires
F
Et, comme coule la rivière ... <br /> <br /> salutations, <br /> <br /> michel, à franquevaux
A
Aussi beau que la lumière qui achève le jour. Sépulcre d'un crépuscule où se déploie la nuit si lumineuse de tous les soleils présents.
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