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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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11 janvier 2016

Tu danses derrière la lune.

final_nu_bleu_allegeQuelque part, l’aveu du jour que je tiens pour une vérité inoxydable s’effondre. Tes cils sont baissés. Ils sont rasés, paupières déshabillées, une fine chair suffit à cacher le monde vivant. L’arbre de sable mélancolique poudre l’unique saison adossée aux paysages sans retour. La terre s’escampe dans le noir souverain. Un marchepied pour l’air, un soleil outre limite. Derrière la porte, une vie écoute le bruit incessant de la nature qui se décortique. Une étincelle meurt dans le sable mouvant. Nos langues sont redressées comme des pics de montagne, une léthargie du roc solidifie ton absence. La béance sur le comptoir, plus rien ne traduit la forme désossée de la pulsion restée derrière le rideau. Dans son abattement majestueux, le vide survit dans l’érection liquide où la pensée le précipite.

Ce qui s’enfuit bouscule mon regard. Assiégée de sel, ma bouche ressemble aux salins de Camargue. Un cheval blanc, crinière au vent, galope sur la plage et tout un paysage s’effondre derrière les dunes.

Le temps se décompte. Le manque s’additionne aux volutes de la chair pour reprendre corps. Il n’est jamais l’heure de la brûlure et pourtant la peau de nos pensées intimes cloque comme un gâteau oublié dans le four de l’éternité.

Puisque tout passe, un livre d’étincelles se jette dans la grande banaste des étoiles. L’inconstance résonne de toute part et nous désaltère comme une pluie d’été chante le ciel qui s’oublie dans la brume. 

Les mouvements de la voix s’écument et reprennent forme. Si l’amour n’existait pas pour le composer, le faire et le défaire, que serions-nous ?

Un mot après l’autre. La parole est prolixe, les doigts s’agitent aux souffles de la mémoire. Raconter, voilà l’explosion immaîtrisable qui ravive le mouvement. Je suis un facteur, je transporte une pensée qui me traverse. Je suis un écolier, j’apprends à canaliser cette logorrhée volcanique pour la livrer à la lumière de l’horizon. 

Tu danses derrière la lune. Des mesures à mille temps ruissellent avec les gouttes nues qui meurent sur mon front. Qui que je sois, le verbe être résonne dans l’entaille où tu résides. C’est une faille palpitante, une béance où la nostalgie s’habille en Arlésienne avant de participer à la farandole cernant le feu de l’exaltation. Dans ses mains invisibles, la nuit retient le panier renversé de nos rires anciens. Où que tu sois, le temps est divisé en deux. Les anses d’osier sont des ailes d’hirondelles. Les frontières sont des cascades d’eau fraîche et je vadrouille sur les rochers que ton ombre enveloppe comme un berceau sur le quai où accoste le navire du grand voyage. Je suis dans l’aube baveuse qui agite ses bras. L’adieu se retrousse sur les berges de l’eau morte. Un coq dénonce les fentes du jour qui s’immiscent dans ma chair. En haut de la colline, un mendiant tend la main comme une girouette suit le vent. Dans ma poitrine, un foulard s’agite avant la séparation. Le départ est vif sur les nuques blanches du désarroi. La dépossession crâneuse jette son gant de marbre sur le sol à peine reconnu. Le défi est à la mesure du cœur. Tes yeux flottent comme deux mâts sans voile. Après ta disparition, ma bouche est un sanglot recouvert par le mouchoir du souvenir. Mais dans le nid de l’aigle, tes rires jaunissent à l’échec de la mort. Dans son secret d’air et de coton, la vie s’écharpe du frisson des étoiles. A côté du champ de lavande, une boîte aux lettres abandonnée attend le facteur de mes rêves. 

Le vide connaît l’abandon qui le terrasse. En silence, la blessure accomplit son ménage à l’intérieur du refuge. Je suis transparent sous la couche sombre de ta fuite. 

 

- Bruno Odile -Tous droits réservés ©

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