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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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11 mai 2016

Le détachement.

3828865024Brumes de paroles au cœur du tendre, dans les tiroirs meuglant où les édredons du désir résistent à la nuit. Tu as passé le mur avec moi. Sur l’autre versant, nous avons buriné la route aux pieds du glacier qui grince. Je me retourne dans la nuit comme une plume froissée. Je marche dans la glace et toute la froidure adhère à mon corps. Tu es glissante, j’arrive le premier. J’ai gagné la course et perdu ton reflet.

 

La terre s’accroche à des rondes, mais sa musique millénaire vacille avant de se déraciner aux mélodies de mon cœur. A l’unisson des pierres, le mur s’élance comme un vertige de mille pieds. L’amour soupire. L’ardeur passe son chemin.

 

Nos pieds sont des cordes dansantes qui se balancent au-dessus du vide. Tu m’as attaché à l’heure fragile que le temps maltraite. Toutes les fenêtres sont grandes ouvertes sur cette pendule qui répudie l’été. Mon cœur pivote sur lui-même. Partout où je me trouve, une ombre me précède et me suit. Plus clairvoyant que moi, le soleil ressuscite le vent et attise notre pas sur la route qui s’efface. Le feu prend racine puis s’en va. Mes yeux sont des tornades brisant l’insolence des frontières. La chaleur disparue revient en flamme. Une cicatrice ferme le jour où l’oiseau perché dans notre poitrine a chanté une première lueur. Nous sommes des larmes tranchantes déguisées en dauphin. Notre mer est une étable de coton. Je tranche ma vie en rondelles et tu m’affûtes comme un silex.

 

Pour vaincre le réel, il faudra ta main sur le vent et la chaleur distendue sous la pierre. Nous sommes loin des choses concrètes et nous touchons à l’éternité claire de nos premiers sourires. Dans la distance chronophage, une loutre déterre le ciel qui se reflète sur la surface de l’eau. Nos consciences filtrent le jour et accueillent avec lui notre unique représentation. La négation du contenu inexploré donne corps à ma pensée. Une aiguille perce le grain de sable resté sous les paupières.

 

Ne vas pas croire, il n’y a rien de serein dans l’amour. Il est une bataille égrenée de violentes douceurs et de déchirements. Aimer n’est pas une sinécure. Cela nécessite l’effort suprême de soi : se dépouiller et renaître mille fois de mille parfums différents.

 

Aimer, c’est affronter les contradictions qui affluent sans relâche dans la précaire unité de l’être authentique. C’est le bouleversement indispensable qui nous fait prendre corps là où toute la terre ne serait qu’un désert irréductible.

 

Aller à la rencontre de soi est déjà un chemin tortueux. Aimer, nous offre de partager ce sentier, cette route embrouillée où rien n’est promis à la quiétude. La douceur d’une nuit d’amour est ce moment blanc et pur où l’unisson revêt les couleurs de nos enchantements et de nos vulnérabilités.

 

Nous sommes tous des êtres fragiles et périssables. Trop souvent retranchés derrière des morales éculées, une éducation castratrice. Pourtant, je déploie mon cœur sur ta peau où niche la nacelle poétique des souffles brûlants. Il suffirait de presque rien pour que les âmes se fondent dans les corps avides de tendresse. Vivre est une débauche d’énergie qui illumine l’heure précieuse de l’émotion transcendantale.

 

Il est toujours temps d’accoucher la vie qui tressaille en soi, de la partager dans l’unité du ressenti. Le moment irremplaçable demeurera toujours celui dont on a la sensation qu’il est exclusivement le nôtre.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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Commentaires
S
La loutre déterre le ciel: j'aime cette image.. Presque un oxymore avec l'emploi de ce verbe.
L
Titre : Le détachement. <br /> <br /> <br /> <br /> Texte : Aimer , Aimer .<br /> <br /> <br /> <br /> Compréhension de vie : Excellente <br /> <br /> <br /> <br /> 20/20 👍😊
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