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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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27 août 2016

Déambulation de l’irréparable.

il_fullxfull_296390559Partout où se redresse le monde vivant, des pierres se serrent dans les remparts. Ecorce de chair molle, gorgée de résine et devancée de sueurs, cela ressemble à une grange dans la nuit qu’une bougie ensemence.  

 

Boire à l’avoine du ciel, ce n’est pas une affaire de muscles ou de jambes longues. Perdu dans un coin délavé, le sang boute comme l’eau d’une passoire assoupie sur le vieux poêle en fonte. Parfois, les voix se dégainent comme une arme à répétitions et tombent les hautes cimes, s’effondrent la terre prise au piège.   

 

Brève secousse du corps resté derrière la matière, mes bras s’agitent comme un lapereau pris dans un collet. J’entends encore le bruit assourdissant de l’extrême patience de l’air qui siffle dans l’étroit chemin de mes veines.  

 

Je comprends alors les sens plongés dans l’arbitraire d’une pensée fugace, puis le déchirement de l’ordinaire recherchant un ordre dans l’affreuse éclaboussure du chaos.  

 

La migration du mot vers la parole affective est lente. Elle nécessite l’invasion prolongée du vide résistant dans la cathédrale de mon cœur. Va ton chemin ! Tout droit, lui dit l’aventure. 

 

     Dans l’espace fouillé, il y a la précision de l’insuffisance, le rocher invisible, le souffle d’une poésie suturant la plaie incurable logée à l’intérieur de l’expression orale.  

 

Frères humains, nous voilà résumés à de l’attente sur un talus de cendres où vieillit la lumière. Comme elle, blanche défigurée, nos vies sont dans l’écart de l’ombre. 

 

Sur la pente courbe, les mots et la voix

s’ajoutent aux mouvements.

Charrue millénaire de la solitude,

oubliant ce qui la précède.

La soif et le tourment occupent

le fauteuil tordu des réclamations usuelles.  

Il y a trop d’étages à cet édifice,

trop de portes à ouvrir.

Alors, je saute par la fenêtre.

Je suis à l’extérieur de l’acte

qui s’inscrit dans la silhouette

du porteur de souffle. 

 

Cet épisode du mot qui cogite dans l’élancement des gorges sèches, je l’écarte du descriptif intérieur. Dedans, ce qui retentit comme le clac d’une mâchoire, c’est le tissu du silence qui se guérit.  

 

Les mots sont des oiseaux avec des graines dans le bec. Frères humains, nous sommes seulement de l'espoir jeté sur un monticule de branchages vieillissants. Nous marchons encore dans un corps vitreux embrasé par les gerbes du vent. 

 

Après le découragement et l’irréparable envahissant, un bouquet de feu vient lécher la lune résistante. Les sons venus de l’aphasie résiduelle éjectent leur éphémère et provisoire connaissance.  

 

Ceux pris au piège du gel et de la froidure s’alignent sur l’horizon désertique comme les rochers d’un Stonehenge de fortune.  

 

Ils érigent nos questionnements sans proposer de réponses convenables. 

 

Hier, abusé par moi-même,

j’avais cru à la folie migratoire des caillots d’étoiles sur le ventre des funambules qui occupaient mon esprit. Hier, le monde était un théâtre de grosses lettres où dormaient les clochers sous une ombre fissurée.  

 

Toujours la parole se dérobe et laisse à la terre le soin de combler l’entaille. Toujours la joue ingrate, les baisers taris et l’œil sec, toujours de longues plaintes penchent vers le sol et traînent avec elles toute l’armoirie des obstacles raclant le ciel en flammes. 

 

Tout ce qui ne peut s’atteindre retourne à la fragilité d’une larme évaporée. La voix se perd et laisse place à la tourmente de l’usure.

 

- Bruno Odile -Tous droits réservés ©

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Commentaires
S
Sublime.. Poète et philosophe, du grand art.
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