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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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25 mars 2014

Je ne sais pas aller plus loin que moi-même.

b99fb8a6Soumis à l’attention de l’autre, je demeure ma propre intention. Je dérape toujours sur les images qui glissent. Mais, je suis une marée aux reflux imperturbables. Mon inconsolable tube affectif absorbe la pâture du jour comme un âne bossu.  Le monde n’est pas fait pour la pensée, il s’accorde avec ceux qui le pensent. Je marche sur la banquise qui ruisselle et ma réalité s’écoule comme de la glace sous le soleil. Je fusionne avec elle et aussitôt mon physique s’étaye de stéréotypes. Ma vie est un scaphandre, je vois sous l’eau. Je m’éloigne de qui je suis et je fuis l’angoisse solitaire de l’escargot qui a perdu sa coquille. Quel ghetto me guette ? J’avance vers la différence à l’intérieur de mon propre corps.

Ce matin, je n’écris pas, je règle des comptes. Les mots sont parfois des frondes avec lesquelles j’attrape la déprime pour la pendre à la poutre du plafond comme un saucisson qui doit maturer. Je n’ai plus confiance. Je suspecte l’air d’être le Judas de mes angoisses. Je m’épuise à redéfinir la réalité de la façon la plus concevable possible. Je me méfie de tout, pensant qu’un simple filet de jour pourrait m’agresser. Je suis découragé. La Tour de Pise penche dangereusement à l’intérieur de ma carcasse. Je ne sais pas aller plus loin que moi-même, et pourtant une faille noire a repoussé mes limites. Je connaissais la solitude dans sa fonction d’isolement mais, à présent, je découvre celle qui protège et offre à la pensée un développement sans contrainte sociale. 

Avant, lorsque je sortais au cinéma ou au restaurant, je pouvais à loisir me fondre parmi les autres jusqu’à disparaître si je le souhaitais. Aujourd’hui, dès mon arrivée dans un lieu public, la considération que l’on témoigne à mon état physique ne me laisse plus le choix. Mon fauteuil roulant occupe très visiblement la place de mes faiblesses, et cela se voit. Je suis dévoilé aux premiers regards. Un peu comme si j’accédais nu à l’espace commun et sans aucun paravent pour me cacher. A contrario, je peux me permettre de vociférer librement mes états d’âme sans ressentir une opposition farouche. Les gens sont formidables. Ils baissent les yeux lorsque j’exclame haut et fort : putain de vie !

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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Commentaires
M
o))) Putain de vie !<br /> <br /> C'est un accord que ces mots-là.
A
Un texte percutant qui m'a particulièrement atteinte. Tu sais utiliser la fronde de tes mots. Amitiés.
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