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Bruno ODILE
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24 octobre 2015

Le présent de la mort (Ou la mort au présent). (4)

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Il n’y a pas de sens à ma vie. Ma sœur, une fraîche lueur inappropriée cerne tes yeux. Je ne pense à rien et cependant l’image du tonnerre ne me quitte pas. Chaque chose en cette vie transporte avec elle une tombe plus au moins fleurie. Vivre n’est en rien inéquitable, c’est le relent, le sans retour, l’ombre arrachée au brouillard. Tout mon amour est dans cette mort sans appartenance et sans gouvernance. Je m’enlise dans l’entièreté du bruit qui court dans la poussière, dans cette mitraille sur la pierre, ce festin pour le sommeil, cet appétit du feu dans le noir tout entier. La mort m’a banni de moi-même. J’ai trop de prétention pour qu’elle me consacre ne serait-ce qu’un regard. Je suis dans la convalescence des souffles et je m’ignore dans la déroute de la lumière.

Tout est relatif à ce que je suis. La perte comme une fêlure. La vie telle une réjouissance fatale, le pur plaisir d’exister. Végétal sans autre désir que celui de m’élancer vers le soleil.

Tes yeux blessés sont sous ma langue. Je te parle comme une baleine chante à la mer sa détresse solitaire. Le leurre se porte comme une ceinture. Chemise au vent.

Le cruel dilemme des âmes perdues se reflète dans un miroir où s’abandonne la frugalité des mots. Mon sexe est une crête de coq. Une ambassade inoccupée. La vulnérabilité au service de la force, le vide au service du plein. L’amour pour lier l’eau avec l’air et la terre à l’espace.

J’ai perdu un mot, l’alphabet chancelle. Je suis un accident, un accro, une fêlure. Je suis à la rencontre de l’air et de la pierre. Je suis dans l’insuffisance qui me comble. Du moins, je le suppose. Toujours à la recherche de ce qui n’existe pas. Boulimique insatiable. 

Nos cœurs s’effraient trop vite. La turbulence s’apprend aux remous. Ce qui tangue me laisse libre de m’adapter, libre d’assouplir la gaine qui me retient encore comme un fruit gonflé par le jus du soleil.

Le langage est une consolation. Partout où je suis troublé et ébloui, la parole est une lueur qui traverse l’opacité de ma fluorescence. Plus je m’évade de ce que je suis, plus j’en ressens les chaînes oxydées et la torpeur maligne qui saisit l’immobilité. Mon alternative n’a pas d’autres chemins que d’escalader l’air qui se dresse devant moi comme un mur sans mesure. La confiance repose sur le crédit que je m’accorde. Comprimé, j’éclate. Mon cœur est une cible, mon cœur est une irruption volcanique. Un brouet extatique.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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