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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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11 mars 2016

TOUT GLISSE.

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Ce matin, les heures tombent dans le fond de ma gorge comme une farine de mimosas s’effeuillant sur le seuil de la mémoire.

 

     Toute une poussière jaune

     s’étale autour de ma voix

     comme une neige solaire

     que le vent transporte.

Rêvant à la forte présence des corps réels,

la parole hésite à manier le souffle de l’expiration.

Le plaisir d’être remonte des fourrages

et me laisse dépourvu de l’exubérance des fleurs

sous la toile bleue du ciel où je me réveille.

 

Laissez-moi l’ombre autour du chandelier ! Mon refuge c’est l’obscurité silencieuse, l’étable du devenir et la grange détuilée à côté de laquelle passe le ruisseau du temps qui vient d’éclore.

 

Rêves dissous, rêves à quatre épingles, je m’apprête à vous reformuler.

 

                   L’air que je respire

dédicace la présence de l’éclair

fendillant l’horizon

qu’il va me falloir recoudre.

            Partout où bute la lumière,

       l'inconnu surgit d’une brèche

et agite l’instant

entre la paix et l’inquiétude.

 

Tout glisse, tout s’envole dans un raclement d’ailes. Plus de mouvements mais des pioches, des pelles et des râteaux. Les heurts entre les mots craquellent la parole antérieure à l’instant.

 

  Je suis ici comme ailleurs. Je crapahute sur les sentiers d’une communion torride, sur les flancs abrupts des vignes en escaliers bordant les collines comme un cache-nez.

 

L’incision déchaine les mers englouties et les terres opaques. L’aube déraille en falsifiant la révolte couchée à demi nue sur le lit d’une espérance estropiée.

 

Entre la lézarde que je charrie et les rêves que je piétine subsiste une brise fiévreuse. La surface invisible de l’air s’approprie les reflets du miroir de la transparence.

 

Effluves nomades respirées mille fois,

une voix affiliée à la vie serre ses notes.

J’habite une serrure qu’un tour de clé verrouille.

Alors, je feinte l’invisible regret de n’être qu’une buée au pays de la solidité des liens.

 

   A pleins poumons, particules courbées sous l’exiguïté de la fluorescence, je consomme et je consume la vivance muette restée dans son bain chaud. Dans ce goulot de vie, la pulsion instinctive bat son plein de lait. Je motte et je brousse jusqu’aux débordements. Une pâte de patience gonfle les heures qui se dilatent.

 

D’avides gorgées de sel fondent dans les nuages

                  et couvrent le ciel qui me surplombe.

J’erre quelques instants dans ce cercle d’absolus

où se fracassent toutes les tempêtes humaines.

     Alléluia ! J’ondoie sur le velours d’agrume

où tous les lendemains convergent.

Une clarté dégondée du ciel touche l’alcôve de mes nuits en faillite.

 

Mots écorchés, sur la pente glissante des cascades printanières, votre signification s’éloignent de mes cannelures et bientôt ils se dissolvent dans la rivière temporelle. Rien ne restera intact, tout deviendra de la rocaille sur les hautes crêtes où le feu nous alerte, où l’air n’a plus de tenue.

 

       Demain encore, j’irai puiser à l’eau des torrents rageurs. Je tromperai ma faim sur le souffle ténu des vies exaltées et je viderai mon cœur de ses tourments en forniquant avec l’onde émotionnelle.

 

Nous cheminons sur les chemins de la perception sans savoir si elle plus vraie ou plus juste que la raison. Si le monde réel est tel que je le ressens, mon esprit le perçoit aux travers des codes qui le dominent.

 

Rien ne se termine sans ouvrir de nouvelles portes, de nouveaux horizons, de nouvelles batailles. L’homme en mouvements fige le temps dans un calendrier hypothétique. Le hasard n’est qu’un coup de dé parmi nos multiples tentatives à survivre aux tempêtes qui nous éprouvent.

 

Tout glisse, rien ne demeure,

si ce n’est cette flamme profonde

                  où la joie se ressource.

Tout bascule,

j’ai encore les yeux sur la colline qui s’éveille.

     Mais, un monde s’impose, large et puissant,

comme l’aboutissement d’une volonté immaîtrisable.

Le voilà qui rebondit des sentiers parcourus dans le sommeil.

 

          Demain porte le visage de la reconnaissance et de la communion avec le monde visible et invisible. Au loin, j’entends bailler les ténèbres. Dans les ressacs, l’univers se dépoitrine, se dépoitraille, se dégonde de l’îlot irascible des surimpressions picturales.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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