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Bruno ODILE
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17 mai 2016

L’écueil est devant chaque porte.

l_080612_peinture_erotique_femmes_nues_00026Je suis livré à cette moitié de nuit qui scrute l’inconnu. Mes lèvres tâtonnent les paupières de l’exil. Enracinée dans le vent, l’errance tourbillonne dans un ciel noir. Dans la solitude, on s’improvise toujours un petit peu. L’heure passante capture l’énergie des gestes en mouvements. Le hasard croise ses doigts légers en se réconfortant d’ésotériques songes grotesques.   

 

A la flèche de l’inappartenance, rien n’est vraiment soi ou à soi. Rien n’est autre qu’une ressemblance recomposée, inventée et profilée dans la macération d’une moulure engluée à l’histoire que l’on occupe. Tous les destins sont effilochés des rages de l’oubli. L’aventure à vivre se calque sur la déraison des évènements.

 

Nos solitudes conservent l’empreinte des humanités percluses que le temps maintient dans le chavirement des ombres glacées. Nos regards amoureux fermentent comme un vin fou coulant sur la main qui écrit. La nuit dans l’abandon et le renoncement tisse les yeux du jour qui se lève. 

 

Nos actes ne savent rien du courroux qui les active. Non, vraiment, nous sommes seuls sur ce chemin rudimentaire. Chacun arrimé à la désinvolture. Chacun livré à la solitude inextricable dont les refoulements sont autant de gorgées de feu qu’un volcan en éruption. 

 

L'amour n'est pas seulement l’expression de ma tendresse, il est aussi voué aux souffles imprévisibles qui font danser l’éclat du jour. 

 

C’est probablement mon désir d’absolu qui te rend resplendissante. Cependant, nous le savons, il n’existe pas de recette pour découvrir ce que nous sommes véritablement. La résonance que l’on peut parfois ressentir auprès de nos semblables n’est jamais un fer de lance suffisant pour naviguer durablement dans les étoiles. La bonté que l’on engrange en soi est fondatrice. L’étonnement offre de nous exagérer, de nous agrandir et de nous dépasser. 

 

On trompe l’amour autant que l’on mystifie l’existence. Il existe une résistance naturelle en chaque chose. La lumière s’efface dans la nuit et la clarté diffuse gomme le noir. Seul l’esprit créatif et innovant rejoint le corps dans son ensemble. La beauté de la blancheur fragmentée en une multitude de petites lueurs est tout aussi insoutenable que le crissement aigu de l’abysse. Chaque joie est un repos involontaire, c’est une dilatation de la lumière à l’intérieur du royaume de la chair et de la pensée. Il faut laisser venir à soi le hasard, laisser à la famine du cœur le soin de ressusciter la parure, le reflet d’or d'un visage aimé, et ne pas en laisser la moindre goutte. Homme et femme sont deux parallèles intarissables. L’enchevêtrement est une illusion tonique, mais une illusion tout de même. La convergence se retrouve dans l’achoppement des cœurs qui acceptent de se compléter et non de s'annuler. 

 

Il ne peut y avoir de véritable réconciliation ou de résilience totale entre les hommes. L’humanité est trop chargée de colère et de vrombissements. L’écueil est devant chaque porte. L’utopie voudrait qu’il en soit autrement. Or, il est déjà terriblement difficile d’associer deux âmes sur le même trait. Il n’y a toujours qu’une vérité, la sienne. Rien ni personne ne peut faire défaillir cette introspection fondamentale. Nous ne sommes que des oiseaux en partance, des êtres de plumes et d’ailes picorant les feuilles et les vents. 

 

L’autre nous aide à vivre mais aussi à mourir. Mourir de soi, il va de soi. Chacun se refuse à la douleur et s’éloigne de ce qui brûle. Pour autant, tout le monde aime se rapprocher de la douceur du feu. L’oxymore est légion. Nos émotions sont des cohortes de tendresse sur chaque pierre. Chaque rocher est un lieu de réception et de conservation. Patiemment, l’eau court sur les galets qui s’usent à devenir du sable. 

 

La vie elle-même est dramatique. Elle porte en elle tous les reliefs de nos vulnérabilités et de nos erreurs. C’est le mouvement qui nous libère. C’est l’acte clair qui nous purge. Nous ne sommes que des nœuds sur deux pattes. A nous de construire les ailes et les brassards qui peuvent nous conduire en des lieux plus propices et plus salvateurs. 

 

J’écris pour me libérer, j’écris pour gommer l’existence et la réapprendre autrement. Mon épanchement hermaphrodite m’y aide beaucoup. Dans la patrie féminine, je trouve tous les marcheurs de rêves qui me manquaient.  

 

- Bruno Odile -Tous droits réservés ©

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