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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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29 septembre 2017

Parmi les pierres.

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Quelqu’un tisse une toison d’éclairs sur le mur d’en face. Glaneurs infatigables, les plis de la bouche s’ouvrent et se ferment sous la luminosité intermittente.

 

        Je vois une langue qui s’agite, roulant dans l’air et tournant vers la lumière. Un mot dans la gorge s’éclaire puis disparaît dans le puits des songes.

 

Un peu plus loin, une femme se penche puis s’approche. Marchera-t-elle jusqu’à sortir de l’ombre ? Âme frileuse, farouche, lassée par le brouillard, elle parle encore à voix basse.

 

            Mes sens défaillent, mon cœur sans provision hallucine. Je boite à hue et à dia aux sources de dilettante. Derrière la fenêtre ronde, des cheveux blancs tombent sur la cendre froide du silence.

 

J’ai beau chercher, je ne vois pas la terre humide, ni le shampoing du ciel.

 

Mes mains voudraient toucher le bleu fantôme, même si je ne le discerne pas. Vraiment, cette lumière d’été est un vertige.

 

          Inutile de chanter, nous ne sommes pas préparés à une fête dans le vide. Nomades impertinents, nous recomposons l’inlassable pour le faire durer par-delà les barrières de l’imaginaire.

 

Mandibules apprivoisées, des racines cheminent la mer intérieure où l’on navigue doucement. Notre vertige égale les vagues et nous brûlons de nos tempêtes intestines.

 

   Aux pas bleus, l’herbe roucoule et l’invisible passage du néant s’acharne à renverser le soleil sur sa tranche.

 

      Un ravin pénètre nos bouches et nos gestes infusent à la lisière d’un site inoccupé. Plus rien ne subsiste, si ce n’est cette ouverture flasque dans l’épaisseur du monde.

 

Témoin, bien malgré moi, du chahut qui fait vibrer les hommes, il me faut franchir l’injuste moment où la parole devient matière.

 

Partout.

Encore.

Des chaînes et des canons offusquent la chair dévastée dans son auguste logis. Le sang répandu depuis des siècles pleure la Vie enfermée dans un tombeau de feu où s’alarme la beauté.

 

             Une forêt de bras et de jambes s’inonde dans la mémoire siphonnée par l’apesanteur des êtres. Ensevelie dans mon intimité, une boucle innommable remonte mon corps effarouché.

 

Je vis ici plus qu’une vie d’homme. L’acte incohérent de vivre ruisselle là où l’action elle-même s’effondre sur d’autres fonds que les miens.

 

Je n’oublie rien du geste. Mon corps saborde les lentes flottaisons qui expient mes larves de raison.

 

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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Commentaires
S
Très émouvant et si beau comme toujours. Ton inspiration est grandiose. Je suis ébahie à chaque lecture.
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