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Bruno ODILE
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Bruno ODILE
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28 octobre 2017

Une coulée de désœuvrement comble l’éternité cabocharde.

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Que de mirages et que de nausées ! Il ne s’agit pourtant pas de repentance mais de remembrance. Dans cette foison de reliquats d’ectoplasmes tout délit augmente la déchirure du premier jour. C’est aux marges de ce monde et à ses frontières de foutaises que l’on retrouve ce qui le dessine comme de la vapeur sur un miroir.

 

Voilà, à nouveau, la langueur monotone, confabulée avec la nature du dedans et trifouillant les cailloux qu’aucune rivière n’a jamais su emporter. Voilà à nouveau que tu m’enracines et me courrouces à cette question existentielle d’être et de faire. Eh bien, oui, j’ai aimé la vie partout où je l’ai croisée. De ses aspects intouchables à son colissage charnel, de ses écorchures sanglantes à ses insipides tortures d’absurdités les plus ignobles et les plus vulgaires. J’ai pour double nature une bouche remplie de pain vide et celle d’une parole complice surnageant au milieu des hémorragies qui débordent mes sens. Je n’ai de cesse de naviguer au cœur de l’ébruitement des silences où les stries crachent les joies étouffées et où le vacarme incongru des coulées de boues laisse la terre se recouvrir d’elle-même.

 

Je dois convaincre ma réalité de sa fourberie à paraître, de sa cargaison débridée et torchée d’apparences lubriques et bestiales. Je dois exciter l’amour dans sa redingote de sens où dort la parole fondatrice. Entre nous, je te le dis, je suis ce que je fais. Partout est le monde. En tout lieu, l’acte digressant me dessoûle de l’amour-propre.

 

Que crois-tu que l’on puisse découvrir dans son désenchantement ? Y a-t-il de quoi raviver la grisaille humide dans sa plus caverneuse vibration ?

 

Je n’ai pour me décrocher du socle de l’enfance que le vent dans mes bras et la marée montante. Dans toutes mes grottes, les murs sont des déserts. Dans chaque faille souffle une musique accompagnée de bourrasque et d’infamantes berceuses murmurant la vacuité dans son désastre de tristesse. Quelque part, bien caché, je le devine, des feux follets rêveurs de jouissance dansent les pas d’un tango silencieux. Un instant, nos gestes se désaccordent de l’humanité pour mieux fédérer le vide au péril, et nos voix deviennent des cornemuses filtrant la noirceur des éboulis qui suintent à l'abri du regard des mortels. 

 

Si le besoin de mon amour se crée à partir de toi, c’est bien dans mon narcissisme qu’il délivre ses plus paradoxales ferveurs. Te désirer, c’est me reconnaître dans l’attente de ce qui justifie mon besoin comme le seul capable de répondre à mes carences obsessionnelles. En toi la révélation de tous mes manques, en toi le pari de l’assouvissement et le défi de la blessure qui attend le baiser. Tu es le sujet de mon amour, tu es le verbe de mes besoins. Avec toi, je possède l’illusion d’être plus entier, plus complet et plus apte à me supporter. Ton existence, même virtuelle, boit ma misère, la dérange et la bouscule. Elle m’émeut lorsqu’elle entre en résonnance avec le bruit d’où elle provient. Je ne suis plus qu’un envieux s’oubliant dans le regard que tu me portes.

 

À l’écho de ma chair et de mon sang, sur chaque volume d’aurore à venir, sur les ombres de mon moulin à vent, par-delà les sentiers du maquis où se tendent nos mains : le fruit coupé en deux attend nos bouches comme une cerise flirte avec le soleil.

 

Je te rêve dans la communion de ma terre à tes friches. Tu es un terreau de jouvence, un ciel de fraîcheur toujours en mouvements. Vois, combien mon espérance lutte contre la sécheresse des réflexions sans fin, sur des mots répétés, réitérés depuis toujours. Elle tranche de vieilles controverses de dépotoir insalubre. Elle est l'eau modifiée et ébruitée de nos enlacements anciens, maintenant en devenir. C’est une goulotte d’air qui te chante.

 

Ici, la solitude marche doucement, nue parmi les anges. Elle est le gage, la caution imposée à notre bal dérythmé. Elle est cette promesse restée innommable et inconsommable. Et, elle n’a de sens que par son unilatéralité. Elle corrige les voies biscornues qui flânent du corps à l’âme. Mon cœur te chevauche comme la première lueur de l’aube.

 

- Bruno Odile -Tous droits réservés © 

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