Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Bruno ODILE
Archives
Publicité
Bruno ODILE
Visiteurs
Depuis la création 46 183
Derniers commentaires
6 août 2016

Quelque chose tremble.

eberl_francois_zdenek_maurice_femme_nue_assise_en_buste_1692861_500_500_1692861Toujours aux portes de la dérobade, l’esprit cherche une stèle pour asseoir quelques précieux fondements. L’entaille s’ouvre devant lui, puis elle s’aligne aux cris du corps balloté par la mort qui le veille.  

 

     Sous les paupières de l’herbe verte, une goutte d’eau transparente et claire s’égoutte, vaincue et fuyante.   

 

L’air silencieux et guérisseur de toutes les plaies béantes s’infiltre jusqu’aux plus vives déchirures. Il cajole les irritations de la peau, il câline les expressions en trompe-l’œil, il conforte le cœur sacrifié aux alertes incessantes des heures claires. 

 

Au fond de ma carcasse,

j’entends vibrer l’onde innocente des flammes nécrosant le faible désir d’absolu.

Fidèle à ce que je suis, je cours sur ce sentier où toutes les rides s’entrechoquent. Quelque chose tremble dans cette informulable pesanteur où le vide floconne.  

 

Parmi de faibles mouvements, je discerne une puissance cachée. Un havre de lumière sous la chair comme un terrier dont l’ouverture serait dissimulée par d’épais buissons. Je devine une onde énergique, un halo de tensions, une étincelle évadée de l’univers. 

 

Ce point d’illuminations enfouies dans mes tréfonds, je le sais sans le savoir, je le touche sans le peser et je le sens sans le maîtriser.  

 

Il faut sans doute davantage de ferveur et de détermination que je n’en possède pour nager librement au cœur de cette essence sauvée du temps. Il faut vivre l’épreuve où l’enfance a péri et retourner mille fois sur le chemin arraché à la peau si l’on souhaite deviner où se terrent les vertus convoitées. 

 

J’ai la tête comme une orange à moitié pelée.

Des idées vagues et dissonantes se sont transformées en un parfum d’ail fleurissant la buée rouge-prune qui accompagne mon regard.  

 

Mes yeux buveurs d’étoiles ont veillé longuement, trop longuement tous les crépuscules et mes paupières ont bu abondamment aux luminescences orangées préparant la nuit dans sa robe de satin. 

 

A présent, ma peau cherche son miroir humain dans le sommeil de chaque chose.

Toute la vie devient un sommeil affecté.  

 

        Sources introuvables de nos courses terrestres, un fatras iconoclaste brouille l’air où la parole se perche. 

 

L’essentiel est un excès de silence pour le regard de fraternité. Rien n’est banal dans ce monde entiché de mémoires sinistres.  

 

      Seules demeurent les eaux piquées dans la saillie de l’enfance, comme une évidence, comme une lapalissade incontrôlée.  

 

Eaux dures, eaux à la dérive des canaux, eaux écrasées par la naïveté et l’insouciance des chutes et des cascades. Tout vient de loin, tout ira loin encore, au-delà. 

 

                    Aux abords de l’être, un sentiment de puissance le convoque aux étendards de l’illusion. Les pieds sur la pierre lustrent nos certitudes jusqu’aux pelures des contes de fée.

 

Une force souveraine s’extirpe de chaque corps de matière. Un éclairage confiant ajoure les pores sensibles de la raison. 

 

L’invraisemblable duvet de l’accomplissement poursuit sa route malgré l’entrave des jours brisés. Je mange à mon sang la duperie de l’éternité. Mon cœur fidèle aux vagues absorbantes s’adonne au lait de la lumière. 

 

Toute une vie à essayer de sortir de l’armure protectrice pour respirer l’air pur et, sitôt fait, une autre histoire se déploie pour cuirasser l’existence contre la douleur du quotidien.

 

Et le dur noyau du temps voudrait rebondir sur la face concentrique des jours de pitance. Toujours servir et tout comprendre, il est impossible de se dissiper à l’ombre des rumeurs et du pardon. 

 

             Je connais la tension du néant, du bout des doigts aux relents pestiférés soufflant sur mes tempes.

 

Enclumes soufflées de copeaux acides sur la bave d’écume, les mots plongent dans un océan de veines émaillées pour mieux pourfendre la distance minérale embobinant le fil conducteur. 

 

Destin incertain réfugié sous une cohorte de fragments abandonnés, j’arpente mon souffle comme une brise légère canule l’ombre à la lumière. Je dors hors de la nuit dans un univers tétanisé par son gigantisme. Je suis une forêt d’air au pays des silences. 

 

Un pas de plus vers l’immensité ingouvernable et tout l’insondable s’enrobe à mes sens en bataille.  

 

Allez savoir qui lutte ? Est-ce l’armoire d’événements palpables ou la perception elle-même ? Quelque chose trace sous mes souliers la marque éphémère de mes pas. Quelques grains sur la route germent dans l’arrière-boutique des émotions.  

 

               La boue des saisons pluvieuses enterre chaque repère et, au loin, des arbrisseaux naissent dans la pépinière du passé. Au cœur rendu aux pierres, dans la closerie de la fixité, l’amour témoigne avec entrain des objets trouvés sur sa route. Une clé de frisson pend sur les lèvres du jour à venir.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité